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25 octobre 2016

Les Dames du bois de Boulogne de Robert Bresson - 1945

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Fin de l'odyssée bressonesque, avec ce petit film pas encore bien stable, mais qui marque quelques points tout de même. Le style Bresson y est encore hésitant, mais on sent indéniablement la marque d'une personnalité dans cet objet étrange, atone malgré les tonnes de sensibilité qui s'y expriment, à distance et en même temps vénéneux. On se croirait dans Les liaisons dangereuses, mais au XXème siècle : Hélène, pour tester son amant, lui fait croire à une rupture. Elle découvre alors que ce dernier est soulagé, et souffrait lui aussi de cette liaison. Elle décide de se venger, et pour ce faire précipite son amant dans les bras d'une fille de petite vertu. Mais la vengeance peut se retourner contre celle qui la fomente, vous voilà prévenus. C'est donc une histoire de passion, un peu tordue il faut bien le dire, que nous regardons. Mais Bresson, on le sait, n'est pas homme à se laisser déborder : il dirige ses acteurs vers la distanciation, et nous tend un miroir quasi-objectif de nos petits agissements amoureux.

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Soutenu par les dialogues étincelants de Cocteau ("Il n'y a pas d'amour, il n'y a que des preuves d'amour"), il fabrique une machination dangereuse, entièrement portée par la douleur d'une femme, à double tranchant, et qui se suit avec bienveillance. De toute façon, ce n'est pas trop l'histoire qui importe ici, mais la mise en place, la mise en scène, la direction d'acteurs. Si Paul Bernard est très mauvais, force est de reconnaître que Maria Casarès explose tout : le gars l'habille de robes somptueuses et d'une photo élégante (Philippe Agostini est dans la place), et la dirige au plus précis. Il y a déjà chez elle cette neutralité qu'on verra plus tard chez Bresson, mais la belle y ajoute une touche de sensualité, de sang, de sentiments, qui va à l'encontre de ce jeu (peut-être parce que Casarès, venant du théâtre, est en lutte contre le film). En tout cas, son jeu est anti-théâtral, très moderne, déjà complètement versé vers  ce cinéma contemporain qui fera la marque de Bresson. Le plan sur la fin où la voiture la cadre deux fois de suite, en un travelling vertigineux et assez inhabituel chez Bresson, est parfait. De manière générale, Bresson évite les plans à l'épate, enfouisant toute trace de virtuosité et d'affect sous la rigueur mathématique de la chose. En fait, c'est la dichotomie entre l'aspect très littéraire de l'oeuvre (Cocteau, le sujet romantique voire tragique) et la froideur apparente de la réalisation qui fonctionne. Ca crée des scènes parfois assez ternes et bancales (la scène de danse est d'une froideur terrible), mais ça crée aussi un style, et ça c'est déjà quelque chose.

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