LIVRE : Molécules de François Bégaudeau - 2016

Toujours taquin, Bégaudeau joue avec la mode assez gavante il est vrai du fait divers, et perd un peu son temps à nous livrer une pochade qui n'est qu'accessoire. Un meurtre moyen fait par un assassin moyen, une victime moyenne et une enquête moyenne, un procès moyen et des détails moyens, tout est réuni pour faire un livre moyen, et pan on est dedans. Bégaudeau s'appuie sur un fait divers (réel ?) sordide, une femme assassinée devant chez elle par un gars persuadée qu'elle l'a envoûté, et déploie des trésors d'ingéniosité pour déjouer toutes nos attentes. Aucune des phrases de cette petite farce n'est innocente, tout sent au mieux la brillance de l'esprit, au pire la langue tendue pour faire gag. C'est un livre de petit malin, quoi, et on se dit que pendant qu'il écrivait ça, il aurait pu écrire un grand roman, c'est bien dommage. On rit souvent, c'est toujours ça de gagné, et la parfaite connaissance des rouages littéraires permet au gusse de jouer habilement avec les figures de style, les registres de langue, et de nous surprendre souvent. Mais on a aussi bien du mal à sortir du simple amusement littéraire, du simple écran de fumée pour cacher le vide, du simple "vous avez vu ce que je sais faire avec mon stylo quatre couleurs ?" Surtout que l'affaire est pliée en quelques pages, et que Bégaudeau passe toiute la deuxième partie du livre à piétiner sur place. On repasse à un livre un peu ambitieux, après ça ?