Comme des Bêtes (The Secret Life of Pets) de Chris Renaud - 2016
46 ans après, voilà un cinéaste qui réussit Les Aristochats. Comme des Bêtes est en effet sur le même sujet, aborde les mêmes motifs, utilise le même (non-)scénario, et parvient beaucoup mieux que Disney à fabriquer une petite chose pop, colorée, vintage et pleine de gags là où ses ancêtres félins pataugeaient dans l'inanité. Il suffit d'un brin de savoir-faire, de deux-trois références sympathiques et d'un certain sens du rythme pour tansformer le rien en 90 minutes bon enfant, le tour est joué.
Sur une musique très gershwinienne d'Alexandre Desplats, dans une esthétique qu'on devine empruntée aux films de Stanley Donen et d'Audrey Hepburn, on nous raconte la journée trépidante d'un couple de cabots mal assorti : un brave toutou courageux et un énorme briard crado et baveux qui vont se retrouver perdus, ô horreur, au moins à 300 mètres de chez eux. C'est le seul enjeu du film, autant dire qu'il n'y en a pas. Le seul but de cette mini-odyssée pas très dangereuse : transformer le buddy-movie en histoire d'amitié, rapprocher les deux clebs ennemis, et par la même occasion construire une histoire d'amour avec une chienne (toutes des chiennes, t'façon), faire en sorte qu'un lapin hyper-violent effectue sa rédemption dans les bras d'une fillette aimante, et faire marrer le spectateur à peu de frais. C'est parfaitement réussi : ça pétille, ça file à 1000 à l'heure, c'est plein de méchants assez marrants, c'est artisanal (très jolies couleurs pâtinées), c'est impressionnant (les buildings new-yorkais s'accommodent à merveille de la 3d), c'est rempli de gags à rabord, et tout propriétaire d'animal domestique reconnaîtra les tics et coutumes de son compagnon (moi, c'est le chat qui te saute dessus et te piétine les couilles que j'ai bien re-situé). Comme il n'y a pas de scénario, c'est vrai que ça patine aussi pas mal, qu'il y a des longueurs, et qu'à la 6ème course-poursuite on commence à soupçonner un léger remplissage. Mais baste : les personnages sont très drôles et observés avec finesse, l'animation est absolument impeccable, les voix (pour une fois !) bien dirigées, non rien à dire. Et puis ça m'a permis de voir Shang avec des lunettes 3D, ça lui donne un air de moniteur de ski, c'est poilant. (Gols 05/08/16)
Outre le plaisir de découvrir l'ami Gols avec des lunettes lui donnant l’allure d'un conducteur de bobsleigh et de s'initier à la 3D (ou disons à la 2D et demie pour ceux qui suivent mes problèmes cliniques), avouons que ce petit dessin-animé manque méchamment d'ambitions. Comme dans Zootopia on suit les aventures d'un "couple" mal assorti, comme dans Zootopia l'un est rusé l'autre un peu ballot, comme dans Zootopia tout le monde se court après, comme dans Zootopia on multiplie les personnages et comme dans Zootopia le fond est assez indigent et lassant (des épisodes avec la fourrière qui intervient j'en ai compté au moins soixante-douze). On sent que nombre de plans sont purement pensés pour produire des effets 3D de malade mais ces petits vertiges de pure forme tournent malheureusement très courts. Bien aimé tout de même pour ma part ce lapin complétement berdin qui s'énerve pour un rien et qui mène d'une main de fer ce peuple d'animaux "de gouttière" - ou tout simplement "d'égout" - dans cet underworld pouvant faire (très) vaguement penser au monde de Métropolis : les animaux ont décidé de prendre leur revanche et la révolution est en marche pour toutes ces bêtes lâchement laissées-pour-compte... On se prend à rêver de voir des maîtres attachés par une laisse à un platane situé à quelques encablure d'une route nationale... Mais la rébellion fera long feu puisque même notre petit lapin en colère finira bêtement domestiqué... Définitivement trop gentillet. (Shang 20/08/16)