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Shangols
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GODARD Jean-Luc 1 2
 
 
 

 
 
 
 
 
 
 
 
 
20 août 2016

Comme des Bêtes (The Secret Life of Pets) de Chris Renaud - 2016

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46 ans après, voilà un cinéaste qui réussit Les Aristochats. Comme des Bêtes est en effet sur le même sujet, aborde les mêmes motifs, utilise le même (non-)scénario, et parvient beaucoup mieux que Disney à fabriquer une petite chose pop, colorée, vintage et pleine de gags là où ses ancêtres félins pataugeaient dans l'inanité. Il suffit d'un brin de savoir-faire, de deux-trois références sympathiques et d'un certain sens du rythme pour tansformer le rien en 90 minutes bon enfant, le tour est joué.

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Sur une musique très gershwinienne d'Alexandre Desplats, dans une esthétique qu'on devine empruntée aux films de Stanley Donen et d'Audrey Hepburn, on nous raconte la journée trépidante d'un couple de cabots mal assorti : un brave toutou courageux et un énorme briard crado et baveux qui vont se retrouver perdus, ô horreur, au moins à 300 mètres de chez eux. C'est le seul enjeu du film, autant dire qu'il n'y en a pas. Le seul but de cette mini-odyssée pas très dangereuse : transformer le buddy-movie en histoire d'amitié, rapprocher les deux clebs ennemis, et par la même occasion construire une histoire d'amour avec une chienne (toutes des chiennes, t'façon), faire en sorte qu'un lapin hyper-violent effectue sa rédemption dans les bras d'une fillette aimante, et faire marrer le spectateur à peu de frais. C'est parfaitement réussi : ça pétille, ça file à 1000 à l'heure, c'est plein de méchants assez marrants, c'est artisanal (très jolies couleurs pâtinées), c'est impressionnant (les buildings new-yorkais s'accommodent à merveille de la 3d), c'est rempli de gags à rabord, et tout propriétaire d'animal domestique reconnaîtra les tics et coutumes de son compagnon (moi, c'est le chat qui te saute dessus et te piétine les couilles que j'ai bien re-situé). Comme il n'y a pas de scénario, c'est vrai que ça patine aussi pas mal, qu'il y a des longueurs, et qu'à la 6ème course-poursuite on commence à soupçonner un léger remplissage. Mais baste : les personnages sont très drôles et observés avec finesse, l'animation est absolument impeccable, les voix (pour une fois !) bien dirigées, non rien à dire. Et puis ça m'a permis de voir Shang avec des lunettes 3D, ça lui donne un air de moniteur de ski, c'est poilant. (Gols 05/08/16)

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Outre le plaisir de découvrir l'ami Gols avec des lunettes lui donnant l’allure d'un conducteur de bobsleigh et de s'initier à la 3D (ou disons à la 2D et demie pour ceux qui suivent mes problèmes cliniques), avouons que ce petit dessin-animé manque méchamment d'ambitions. Comme dans Zootopia on suit les aventures d'un "couple" mal assorti, comme dans Zootopia l'un est rusé l'autre un peu ballot, comme dans Zootopia tout le monde se court après, comme dans Zootopia on multiplie les personnages et comme dans Zootopia le fond est assez indigent et lassant (des épisodes avec la fourrière qui intervient j'en ai compté au moins soixante-douze). On sent que nombre de plans sont purement pensés pour produire des effets 3D de malade mais ces petits vertiges de pure forme tournent malheureusement très courts. Bien aimé tout de même pour ma part ce lapin complétement berdin qui s'énerve pour un rien et qui mène d'une main de fer ce peuple d'animaux "de gouttière" - ou tout simplement "d'égout" - dans cet underworld pouvant faire (très) vaguement penser au monde de Métropolis : les animaux ont décidé de prendre leur revanche et la révolution est en marche pour toutes ces bêtes lâchement laissées-pour-compte... On se prend à rêver de voir des maîtres attachés par une laisse à un platane situé à quelques encablure d'une route nationale... Mais la rébellion fera long feu puisque même notre petit lapin en colère finira bêtement domestiqué... Définitivement trop gentillet. (Shang 20/08/16)

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Commentaires
E
Allons allons, Gols. Une jeune vierge + 7 nains + un code Hays = on ne peut qu'admirer la maestria du vieux coyote à résoudre une équation plus casse-tête qu'un Rubik's cube. Mièvres les 7, non toujours pas. Lourds de symbolisme au contraire, de puissance psychanalytique et icônique au point de devenir de vraies emblèmes identifiables d'un clin d'oeil 80 ans après. Je dis chapeau, pas vous ? Cendrillon n'est en effet ni le meilleur ni le plus représentatif , cependant je ne vous laisserai pas qualifier Blanche-Neige, Peter Pan, La Belle au Bois dormant, les 101 Dalmatiens , qui sont d'une terrible noirceur, de bluettes romantiques. Je n'ai jamais vu Dumbo mais je vous crois. Quant aux angelots de Fantasia, ils apparaissent dans la séquence du centaure qui s'éveille plein de vie, de vigueur et d'énergie. Hem hem, m'est avis qu'eux aussi sont là pour détourner une fois encore l'attention des vieux barbons haysiens , un fin renard je vous assure, le Walt.
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G
Je suis totalement d'accord avec tout ce que vous dites, Ella, je ne nie absolument pas la grandeur de Disney pour trouver de grands animateurs, pour dénicher des histoires pleines de grandeur, pour regarder les grands tableaux de maître et s'en inspirer, et même pour teinter souvent de cruauté ses univers. Ca n'empêche pas la mièvrerie, pour moi très fréquente dans ses films, y compris ceux de son vivant : les nains de Blanche-Naige sont niais, les oiseaux de Cendrillon tartes, Dumbo mérite des claques, et même dans l'immense Fantasia, j'ai souvenir d'angelots roses parfaitement émétiques. C'est d'ailleurs dommage qu'il ait ainsi transformé plusieurs contes très noirs (Cendrillon, notamment) en bluettes romantiques. Ca n'enlève rien à son génie graphique. Voilà mon opinion !
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E
Walt Disney, mièvre ? Vous ne pouvez pas le croire sérieusement, il n'y pas d'univers plus cruel que le sien. Je parle des films réalisés avant le décès de Disney. Ce n'était déjà plus le cas des Aristochats que vous citez , le bonhomme étant déjà mort quand il fut mis en chantier. On ne peut lui dénier, par exemple, un authentique génie à dénicher des génies (Herbert Ryman ou Tex Avery ont longtemps travaillé dans ses studios). Le paradoxe veut qu'on l'oppose fréquemment à ce dernier alors qu'il existe une indéniable fraternité de trait entre les loups disneyiens et les loups averyiens (qui vaut pour les lapins, écureuils, chiens, etc.) Il est, en outre, passionnant de constater combien ses longs métrages, de Blanche-Neige jusqu'au Livre de la Jungle en passant par Cendrillon, Bambi, la Belle au Bois Dormant, Alice, Pinocchio, Peter Pan etc, s'inspirent tous, quasi sans exception, de la littérature et des mythes européens. Ses dessinateurs étaient d'ailleurs majoritairement danois, allemands, anglais, etc. Ses influences sont Arthur Rackham, Gustave Doré, Arnold Böcklin... Rien de sucré, donc. Sous cette image un peu convenue de " Big Money Yank" (ce qu'il était aussi, bien sûr, il ne s'agit pas de nier cet aspect antipathique, non plus que ses douteuses affections politiques), il a été un puissant créateur, à l'univers intense, gothique et flamboyant, hanté qu'il était par une vraie passion esthétique. Je vous engage à aller revoir de près la plastique et le design de La Belle au Bois Dormant et de les comparer, par exemple, à ceux des 101 Dalmatiens. On y voit le parcours d'un authentique artiste démiurge. Il reste un maître auprès duquel les auteurs actuels, Pixar en tête, puisent encore et toujours. Alors, mièvre, non. Chris Renaud, j'en suis convaincue, doit l'adorer (et s'en être inspiré).
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