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8 juillet 2016

LIVRE : La Pièce (Den perfekte Vännen) de Jonas Karlsson - 2009

9782330048211,0-3269828Un roman suédois inconnu attrapé au hasard dans les rayons de la (prodigieuse) librairie où j'ai mes habitudes, et me voilà face à un petit machin très habile, qui se lit comme une récréation dépaysante au milieu de la production littéraire lourdaude de notre époque ma pauv'dame. La Pièce est certes un roman profond et aux arcanes multiples, mais il a la pudeur, la politesse, le tact de ne pas étaler son intelligence comme un trophée. Très "en retrait", Karlsson choisit la voie du conte, de la fable, de l'allégorie pour filer sa métaphore, et opte pour la rapidité, la simplicité d'écriture ; on lui en sait gré, et ce livre se lit de la même façon qu'on peut lire les nouvelles de Kafka ou de Boulgakov par exemple : on passe un moment très agréable, et ce n'est qu'après que tout se dévoile doucement dans notre esprit (affûté).

C'est l'histoire d'un petit bureaucrate suffisant, maniaque et chichiteux, très fier de lui, qui est engagé dans une nouvelle administration. Il ne trouve le bien-être que dans une pièce de son étage où il prend chaque jour quelques minutes de repos loin de ses collègues. Sauf qu'il s'avère petit à petit que cette pièce n'existe pas, ni sur les plans du cadastre, ni pour ses collègues qui prennent peu à peu ce type en grippe. En jouant très habilement sur les points de vue, Karlsson nous balance tour à tour d'un côté ou de l'autre du manche : Björn est-il fou, et la pièce est-elle une sorte de casier de son esprit déviant, dans lequel il s'évade ? ou la pièce est-elle réelle ? Autrement dit qui est le plus fou ? Celui qui voit ce qui n'est pas ou celui qui ne voit pas ce qui est ? A la fois satire du milieu bureaucratique et portrait troublant d'un homme en "burning-out", conte cruel à la Bartleby et cauchemar labyrinthique, La Pièce, dans une écriture épurée, simple, dont la musiquette est très bien rendue par la traduction de Rémi Cassaigne, vous arrive pourtant sur le coin de la gueule avec une belle puissance. Il permet plein de lectures possibles, et apparaît pourtant comme un simple conte drolatique et parfois même presque boulevardier (Courteline n'est pas loin). Très intéressant petit bouquin.

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