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4 juillet 2016

Les Innocentes (2016) d'Anne Fontaine

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1945. La Pologne. Un couvent. Des bonnes sœurs violées par des Allemands puis par des Russes... Ouais, dit comme cela, c'est vrai que le dernier film d'Anne Fontaine n'a pas le pitch d'un blockbuster - et pourrait même laisser craindre de mettre le spectateur à genoux au bout de deux heures. Eh bien point. C'est un film qui a la luminosité de la forêt polonaise sous la neige, âpre certes par son propos (pas facile pour une bonne demi-douzaine de ces religieuses d'avouer être enceintes... Dieu n'y est non seulement pour rien mais n'a en plus rien fait pour empêcher cette infamie), nu et sobre par ces décors et ces couleurs gris bleutées, mais bourré de chaleur humaine. C'est l'excellente Lou de Laâge qui se charge du rôle de cette infirmière de la Croix Rouge française venant en aide à ces sœurs aux abois. Discrétion, professionnalisme et présence d'esprit sont les termes qui pourraient définir la Lou toujours prête à faire les bons gestes pour sortir les religieuses de ce mauvais pas. Ce qui sauve le film de Fontaine, c'est qu'à l'instar du jeu de Lou, il se présente sans maniérisme aucun et fait la part belle à ces échanges de regard entre ce monde abstrait de la foi et celui terrien des soins. Lou gagne peu à peu la confiance de l'ensemble des religieuses (belle émotion que la sienne lorsque toutes les sœurs viennent se serrer contre elle pour la remercier) jusqu'à devenir, belle ironie, leur confidente (nombreuses sont celles qui lui dévoilent leur passé et leurs doutes). Ce sont des petits riens mais l'on sent doucement, sans qu’à aucun moment la cinéaste essaie de charger la mule, cette émotion monter.

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L'autre bon point du film de Fontaine est la présence du parfait Vincent Macaigne en chirurgien d'origine juive (cela aura son importance dans sa confrontation avec les sœurs) : il est à la fois un soutien amical et chaleureux pour la Lou mais il saura aussi, le moment venu, la soutenir professionnellement ; il fait à la fois figure de roc par le sérieux qu’il a dans son travail tout en laissant affleurer ses petites fêlures humaines dans ses rapports amoureux avec la Lou (il est clairement amoureux d'elle sans se faire un brin d'illusion pour la suite à donner à l’histoire : qu'importe, il est toujours là pour prendre les miettes que la douce Lou lui distribue). Fontaine trouve un véritable équilibre entre le pathétisme terrible de ce récit - comment garder la foi après avoir connu l'horreur absolue pour ces sœurs (inspired from true events : on craint toujours le pire, ce n'est bienheureusement pas une production américaine) et la dose d'espoir qu’il contient à l'image de ces prières répétitives (et inutiles ?) des religieuses dont la beauté cristalline finit par toucher autant Lou que le spectateur. Un film qui fait subtilement dans la mesure et qui se laisse innocemment regarder.

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