Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Shangols
REALISATEURS
GODARD Jean-Luc 1 2
 
 
 

 
 
 
 
 
 
 
 
 
17 juin 2016

Les Chevaliers blancs (2016) de Joachim Lafosse

vlcsnap-error597

Lorsque l'affaire avait éclaté médiatiquement, les raisons pour lesquelles cette ONG s'occupant d'orphelins en Afrique avait été gaulée n'avaient pas été clairement énoncées (en tout cas à mon souvenir). Dès le départ du film de Lafosse, on comprend toute la bêtise de l'entreprise 1) L'ONG ne va pas sur le terrain pour s'occuper d'orphelins dans le besoin mais en chercher : la démarche est déjà fumeuse 2) L’ONG annonce qu'elle va s'occuper des enfants jusqu'à leur majorité alors qu'elle a planifié dès le départ de les ramener en France dans la foulée dans "une famille d'accueil". C'est un projet, quelle que soit la bonne volonté du gars à la tête du projet (à rediscuter), complétement con, puisque certains parents vont forcément confier leurs enfants pour qu'ils soient en sécurité et pour que leur éducation soit prise en charge. Vouloir ramener ces gamins en France sans avoir l'assurance de leur véritable statut d'orphelins, c'est toute l'ambiguïté et la bêtise du bazar : on veut sauver des gosses ou juste faire du business ? (ou disons, en essayant de trouver des circonstances atténuantes au responsable du projet, simplement "contenter" des familles en recherche d'enfants à adopter - toute la perversité du système d'adoption lorsque de l'argent est en jeu). Une fois cela exposé, malheureusement, le film se contente de nous montrer cette bande de médecins aux frontières de l'illégalité tentant coûte que coûte de "trouver du gamin" en ayant la naïveté de croire qu'ils sont orphelins (leurs pathétiques tentatives pour s'assurer qu'ils le sont bien tournent vite en rond). C'est notre Lindon national (il a donc trouvé du boulot depuis La Loi du Marché, mais à quel prix...) qui se colle à ce rôle de boss d'ONG pas toujours très clair. Notre homme, notamment, aime à régler le moindre des problèmes en filant une petite liasse de biffetons - un type qui ne s'emmerde pas trop avec l'éthique pour résumer... Au-delà de ça, notre petite équipe tente bon an mal an de faire son job, c'est à dire s'occuper des gamins recueillis (parfois même blessés) du mieux qu'ils peuvent... en mettant de côté pour la plupart (deux personnes un peu moins perchées quittent l'aventure en route) le côté éminemment foireux de la démarche initiale... Que Lafosse ne cherche pas à "juger" Lindon (comme j'ai pu le lire dans deux-trois critiques), je ne vois pas franchement où est le mal : il tente le plus objectivement possible (enfin, on l'espère) de montrer le type à l'oeuvre avec ses contradictions et son sens si particulier de la diplomatie - bien, cela nous éclaire sur la personnalité du gars et l'on peut se faire nous-mêmes notre petite analyse sur la « droiture » de l'individu (qui avait d'ailleurs déjà eu des problèmes avec la justice même si le film n'explore guère cette zone d'ombre). Non, ce qui fait réellement défaut au film (un sens du story-telling honnête mais qui ne va pas plus loin), c'est ce manque de volonté, d'ambition même, de creuser, d’explorer les pistes qu'il soulève - la dérive des "ONG business", le problème des diverses filières pour l'adoption d'un gamin, le désir européen de "sauver des vies" (et de jouer les Pères Noël) à dix-mille kilomètres sans être capable de se pencher sur la misère locale... ou encore, que sais-je... On sent que Lafosse est terriblement frileux pour tenter d'explorer une quelconque piste de réflexion sociétale et se contente sagement de sa petite histoire truculente et juteuse (une ONG dont les membres finissent en prison... pour avoir voulu soi-disant "bien faire", ohoh). C'est dommage, on a connu Lafosse un peu plus ambitieux lorsqu'il s'agissait de creuser des sujets sensibles. Là, son film tombe un peu à plat.

vlcsnap-error019

Commentaires
M
Ouais...moi je te trouve vache , là , franchement
Répondre
B
C'est ce qu'on appelle mettre les point sur les "i". Merci les garçons. Je dois reconnaître - humblement - que ce film m'a laissée un peu perplexe... Joachim Lafosse, c'est - quand même - "A perdre la raison"... et là, l'ambiguïté, elle va se faire voir ailleurs. Tellement ailleurs que je l'ai vu déjà deux fois pour en savourer le jus, la texture et le piment. Ca fait toujours mal. Sacré Niels Arestrup... et Emilie, pourvu qu'elle trouve encore du boulot de cet acabit, elle est grandiose. Bon dimanche, les garçons, je vous aime bien (mais je vous l'ai déjà dit).
Répondre
Derniers commentaires