Mazurka (1935) de Willi Forst

Totalement séduit par la première version allemande de ce scénar (Joe May en fera un remake deux ans plus tard avec Kay Francis - Confession, cela s'appelle, et je vous tiens rapidement au courant) du gars Willi Forst qui bénéficie de la présence charismatique de Pola Negri et de la merveilleuse et sublime Ingeborg Theek (que l'on peut retrouver - outre une apparition dans une série télé dix-sept ans plus tard - dans un seul autre film, Permission sur Parole en 1938 - là encore, I keep you inform). La première demi-heure part sur les chapeaux de roue : le récit d'un simple flirt entre un pianiste renommé (Albrecht Shoenhals) et la jeune apprentie Ingeborg ; Forst gère avec maestria les moments creux et en deux temps trois mouvements on retrouve la chtite envoutée par le séducteur de ces dames... qui se fait descendre dans la foulée par une chanteuse de cabaret - sans même qu'on ait vu le coup venir. Noir. On assistera ensuite, en deux parties, au procès de cette fameuse chanteuse, la Pola... On pense, au départ, qu'il s'agit d'une simple et banale histoire de jalousie ; mais l'affaire est beaucoup plus tortueuse que cela et les coups de théâtre lors des flashs-back et dans la salle d'audience seront nombreux.

Grand sens du rythme, des ellipses, mais aussi tentative relativement réussi quand il s'agit de tenter des plans originaux (les deux danseurs qui se retrouvent face caméra) ou de faire se mouvoir la caméra au milieu d'une salle de bal. La grande réussite et bien sûr la montée progressive de la tension, puisque l'on passe du personnage naïf et innocent interprétée par la débutante Ingeborg à la criminelle déterminée et intransigeante Paula ; elle dissimule, on l'aura compris, un lourd secret qui va se dévoiler peu à peu. Alors que la musique (cruciale dans les scènes-clés) est entraînante au possible lors des multiples flashes-back, les retours au procès et à la salle d'audience se font de plus en plus sous une chape de plomb. Une fois le secret révélé, la tension redouble : les participants au procès (la salle a été évacuée, ne restent plus que les jurés et les membres de la cour) seront-ils faire preuve de tact et de discrétion ? Suspense ; enfin un ultime face-à-face entre Paula et Ingeborg s'annonce à la fois imprévisible et forcément "déchirant" - là encore Forst saura se montrer à la hauteur de cette ultime scène à l'aide d'un petit "effet spécial" particulièrement bienvenu. Bref, charmeur et tendue, une Mazurka qui ne cesse de merveilleusement balancer. May sera-t-il être au niveau ? A voir.