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10 avril 2016

Life d'Anton Corbijn - 2015

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Un bon vieux biopic à l'américaine, ça vous tente ? Eh bien il faudra passer votre chemin, parce que Corbijn, on le sait depuis son portrait de Joy Division, ne mange pas de ce pain-là. En bon photographe, il préfère l'instant à la grande fresque, et choisit pour traiter du sujet James Dean un tout petit moment de sa carrière : le mythe n'est pas encore là, il vient à peine de tourner East of Eden, la légende n'en est qu'à ses balbutiements. Un photographe de "Life" sent le potentiel photogénique de notre Jimmy et va tout faire pour obtenir des clichés de l'acteur, contribuant ainsi à son avènement en tant qu'idole. Bon. On peut avoir deux-trois doutes sur l'intérêt réel de ce moment dans la vie de Dean, mais Corbijn, lui, pense qu'il a trouvé le bon angle pour le présenter. Ça va lui permettre de parler aussi bien de célébrité que des dangers d'Hollywood, de l'enfance modeste de Dean, de son homosexualité larvée, et surtout, sujet plus intéressant, de ce qui constitue l'aura des grands acteurs, ce qui fait qu'ils impriment aussi évidemment et aussi fortement la pellicule.

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Amusant casting : c'est la star des jeunes filles, Robert Pattinson, qui incarne le photographe fasciné par James Dean ; et c'est un inconnu, Dan DeHaan, qui joue ce dernier, dans un mélange de révérence et d'impolitesse. Ça restera malheureusement une des seules bonnes idées de la chose. Embarrassé par la puissance de son personnage, DeHaan, et Corbijn avec lui, ne sait pas trop comment se sortir de la représentation en surface du mythe : jolis costumes qui vont trop bien, petit rictus célèbre, postures de mauvais garçon, etc. La construction du personnage est amusante, on reconnaît les tics de Dean, mais l'acteur, pas charismatique pour un sou, peine à crever autant l'écran que son modèle. Dommage pour un film sur la photogénie. Pattinson est mieux, et on dirait que Corbijn s'intéresse plus à son personnage qu'à celui de Dean : père indigne, dépression en bandoulière, asservi au système hollywoodien mais avide de reconnaissance artistique, obnubilé par son idée de photographier l'acteur, il est assez complexe, et le pourtant superficiel Pattinson lui donne une belle profondeur. Pour le reste, on est embêté par ces scènes assez convenues esthétiquement, pas passionnantes dans le récit, qui ne semblent converger que vers un point : la réalisation de ces fameuses photos mythiques, reconstituées avec un soin de bon élève. On a du mal à trouver le vrai sujet de la chose, et on regarde passer cette mise en scène sur-classique avec un brin d'ennui. C'est pas honteux, c'est regardable, mais très oubliable également : on a l'impression que le film se place délibérément sous l'égide d'Elian Kazan, mélange d'académisme grand crin et de psychologie un peu facile, en y ajoutant un brin de mélodrame grande époque et un soupçon de finesse psychologique typiquement Actor's Studio. Un film d'un autre âge, quoi, finalement, qui aurait été agréable il y a 20 ans, mais qui, signé par un cinéaste qui brandit sa modernité dandy comme un étendard, déçoit franchement.

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