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23 mars 2016

Là d'où l'on voit les Cheminées (Entotsu no Mieru Basho) (1953) de Heinosuke Gosho

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Voilà un film au scénar ultra minimaliste (Les Ogata (Kinuyo Tanaka et Ken Uhera), un couple sans enfant et un peu terne au rez-de-chaussée et deux jeunes gens (Hideko Takamine et Hiroshi Akutagawa) un peu réservés au premier étage : un bébé est abandonné chez les Ogata - ouh là là, pas facile facile à gérer) qui se donne le temps de mettre en place une atmosphère un peu tristoune mais tout de même teintée sur la fin d'un soupçon d'espoir et d'optimisme. Ce Japon d'après-guerre n'est décidément pas super gai et les Ogata (propriétaires) et leurs locataires du dessus vivent de petits boulots. Les Ogata semblent avoir bien du mal à décider d'avoir un enfant (pas assez d'argent, mon bon monsieur, pour se le permettre), Hideko et Hiroshi ayant de leur côté toutes les peines du monde à s'avouer leur sentiment. Bref, l'ambiance n’est pas jojo. Et puis un gamin débarque de nulle part (il s'agit en fait de l'enfant qu'a eu l'ancien mari de Kinuyo (qu'elle disait mort pendant la guerre... elle a surtout voulu fuir cet incapable) avec une jeune femme qui n'a pas l'air d'avoir la carrure pour l'élever) : les Ogata accueillent ce chiard (il hurle 24/24) avec circonspection et n'osent aller voir la police de peur d'avoir des problèmes - Kinuyo s'est remariée sans avoir divorcé de ce mari bien vivant et la polygamie, c'est deux ans de prison - ils rigolent pas avec ça, les Nippons). Une petite bombe est donc lancée dans la maisonnée, un évènement qui va donner à chacun l'occasion de prendre des décisions un peu plus tranchées.

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L'idée du titre, qui est comme un fil rouge dans l'histoire, c'est qu'en fonction de l'endroit où on se trouve, on peut distinguer quatre, trois, deux voire une cheminée de l'usine qui domine la ville. Une question de perspective, donc. On le voit, la voie royale pour une petite métaphore de derrière les fagots : il faut parfois savoir changer d'angle / de point de vue sur les choses qui nous entourent. Ce couple si terne, si renfermé sur lui-même, qui peine même à discuter des choses importantes aura enfin l'occasion de se positionner : la présence du gamin, sa maladie, le retour de sa mère va les faire passer par tous les états (énervement, désespoir, tendresse...) ; un passage obligé pour être capable d'y voir ensuite un peu plus clair sur leur propre vie. Pareil pour Hideko et Hiroshi qui jusque-là s'observent un peu du coin de l'oeil ; cet épisode donnera à chacun la possibilité de s'affirmer un peu plus et de prendre leur destin à bras le corps (en s'avouant enfin qu'ils s'aiment). Gosho installe tranquillement ses personnages et n'a pas besoin de deux mille rebondissements pour faire avancer son histoire (la maladie du gamin et une tentative de suicide pour tenter de mettre un peu de drame, pour flirter, allez, avec la tragédie mais c'est bien tout). On assiste progressivement à l'humanisation de ses personnages qui profitent de l'occasion pour mieux communiquer, pour évacuer ceux qu'ils ont en eux et avouons que cela est fait avec tact et subtilité. Alors oui, c'est un petit lent, j'en conviens... Mais comme il y a la présence du rayon de soleil Hideko Takamine, ces petits nuages sont vite effacés de notre esprit. Une œuvre, psychologiquement, toute en finesse.     

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