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11 mars 2016

La Vipère (The little Foxes) (1941) de William Wyler

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Traduire "les petits renards" (bibliques) par la Vipère peut sembler un tantinet déplacé au demeurant. Et pourtant, il s'agit bien là d'un des films les plus vénéneux de l'ami Wyler avec la gâte Bette Davis en éternelle salope (un rôle taillé sur mesure - le regard de Bette Davis quand, en haut d'un escalier, elle se retourne pour mépriser le monde reste inimitable) et en prime le gars Dan Duryea non pas en mafaiteur crétin mais en fils à papa crétin : les deux ont la gueule de l'emploi et s'insèrent parfaitement dans cette jolie charge contre tous les profiteurs de ce monde ("un jour, ce monde sera entre nos mains" dit l'un des frères opportunistes de la Bette : qu'il se rassure, il avait raison). Les vautours capitalistes et sans foi ni loi versus la naïveté et l'amour de ce bas monde. Vaste programme auquel Wyler s'attaque avec, une nouvelle fois, un évident brio. Une fratrie bien dégueulasse sous tous les angles veut investir dans l'exploitation des champs de coton - l'esclavage est terminé, l'exploitation légale de l'homme par l'homme peut commencer - il suffit pour cela d'un brin d'investissement. La Bette a besoin pour ce faire, investir, de l'accord de son homme, malade. Elle envoie sa fille, la naïve et gentillette Teresa Wright, en mission pour récupérer le pater... et son argent. Ce dernier, malade du coeur mais point mentalement, comprend rapidement les intérêts de sa couleuvre de femme. Il dit non - et s'expose à son courroux : il ne faudrait pas qu'il ait en sa présence une petite attaque, ah ben si, ben crève, pauvre type. C'est violent, moralement, mais il ne fallait pas s'amuser à jouer avec cette putassière de cobra. Elle roulera ensuite dans la farine ses propres frères (qui, voleurs et menteurs, ne sont, par rapport à elle, que de simples têtards) mais ne parviendra pas à retenir dans son trou la chtite Teresa dont l'aventure a décillé le doux regard. 

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Quelques séquences puissantes (les vautours réunis autour du pater malade), quelques dialogues ignobles (des mots taillés sur mesure pour la Davis, véritable animal à sang froid), un final terrible (la fille échappant enfin à la morsure de sa mère en filant, en douce, pour filer le parfait amour), cela suffit pour faire de cette Vipère un film qui démontre toute la puissance de l'argent et la bassesse humaine. La guerre de sécession a mis fin à l'esclavage dans le sud mais le bon vieux capitalisme de base est là, au XXème siècle, pour prendre le relais  : on est à la veille de l'entrée en guerre des Ricains dans la Seconde Guerre Mondiale mais Wyler a déjà tout compris sur ce que seront les lendemains qui chantent. Il craint que "les petits renards mangeurs de raisins" contre lesquels la Bible met en garde prennent demain la main : il semble avoir déjà tout compris des ressorts de la spéculation et met en garde contre les futures Bette inhumaines... Peine perdue, ce sont bien les personnes de son espèce qui demain triompheront. La froideur, la dureté d'une Davis (et consorts... et (con)frères) convient parfaitement pour illustrer son propos. Un film qui reste affreusement d'actualité maintenant que ce nid de vipère règne en maître. Que reste-t-il aux bonnes gens ? Quand on a que l'amour, chantait l'un - c'est déjà ça, chantonnait un autre. Froid comme la mort des idéaux, superbement vénéneux répété-je.

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Commentaires
N
Note que ça ne nous explique pas davantage la vipère !<br /> <br /> <br /> <br /> Tiens, pour la peine, notre Screwy favori :<br /> <br /> <br /> <br /> https://www.youtube.com/watch?v=EGGwdbjGwrs
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S
Oulà, où ai-je la tête... confondre "fox and squirrel"... c'est pas le titre d'un album de Depeche Mode ?... Non... Ah, la couleur sûrement, c'est ça... je m'auto-corrige, merci.
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N
"Foxes".... Ecureuils ? !<br /> <br /> Avec de petites noisettes et un grand col, alors ? <br /> <br /> Hum. Allez. Dites-le, que je vous les casse....
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