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1 mars 2016

Drôle d'Endroit pour une Rencontre (1988) de François Dupeyron

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On enchaîne les hommages en ce moment vu que ça tombe dans le septième art comme à Gravelotte. L'occasion de se refaire 28 ans après sa sortie (c'est fou comme Depardieu et Deneuve ont vieilli alors que j'ai pas bougé - quoi ?) cette étonnante rencontre sur aire autoroutière. Je gardais le souvenir d'un film très "cosy", assez chaleureux malgré les circonstances guère reluisantes (abandonner sa femme en pleine nuit à quelques mètres des pissotières, faut être tout de même un sacré mufle sauf si ladite femme s'appelle Raymonde), peut-être à cause du souvenir du manteau de Deneuve ou du chauffage de la salle de cinoche. Bref. De ce film, on garde surtout une trace mentale de la première demi-heure, ce départ relativement brillant et incongru qui n'est pas sans faire penser à du Blier… en moins grossier (des dialogues enlevés et un Depardieu depardiesque) : une femme, jetée, qui cherche à garder les apparences, un chirurgien, esseulé, qui décide, une fois n'est pas coutume, de démonter le moteur de sa caisse. L'une dont la vie vient de s'écrouler, l'autre en phase de reconstruction : il n'y a pas de raison pour que ces deux orphelins sentimentaux ne se parlent pas et tissent un semblant de lien sur cette aire déserte. Il est au début un peu distant (quand il lui demande expressément de ne pas franchir une limite avec son bout de bois - il est con, Gérard quand il veut), elle est encore un peu effarouchée. Puis la confiance venant, il devient un véritable moulin à paroles face à cette femme encore persuadée du retour de son mari - on a parfois plus l'impression d'assister à deux monologues qu'à un véritable dialogue, chacun de nos deux monstres sacrés restant un peu dans sa bulle ; les bons mots s'enchaînent, les plans-séquences sont superbement mis en scène (la caméra sachant se placer au millimètre à chaque mouvement des acteurs), cette première demi-heure ne manque résolument pas de charme.

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Je ne dirais pas qu'ensuite tout retombe, mais avouons qu'on s'embourbe tout de même un peu. Depardieu continue de faire son petit numéro tragi-comique ("bien fait pas de pas avoir pris la choucroute, elle me serait restée sur le ventre..." ; "Moi, j'ai une tendance à trop boire. Quand je rencontre une femme qui me plaît, je bois, parce que neuf fois sur dix, je ne lui plais pas. Puis la plupart du temps je bois aussi, parce que c'est pas tous les jours que je rencontre une femme qui me plaît" - une réplique qui lui va comme un gant, au Gégé), la Deneuve persistant à garder ce regard fuyant qui lui va si bien, cherchant à se défiler devant son destin. On tourne malgré tout un peu en rond, les réparties s'épuisent et les solutions aussi. Deneuve va tourner autour d'un routier (André Wilms, on y croit pas une seconde), une serveuse (Nathalie Cardone, mon dieu, j'avais sa photo au-dessus de ma table de chevet : ce qu'on peut être ballot quand on est ado) va tourner autour du Gégé, on y croit guère plus. On sent, comme dans un Blier, qu'il tarde un peu de conclure… Ce premier film de Dupeyron contient indéniablement quelques séquences (tout le début notamment) joliment écrites, dommage que la seconde partie soit parfois aussi plate que les plateaux de cafétéria, peine à trouver un second souffle. Une cinquième rencontre sur écran entre CD & GD qui réserve, ne boudons point notre petit plaisir (même s'il s'est un peu émoussé avec le temps), quelques belles tirades entre nos deux comédiens qui s'amusent de leurs variations sur le thème du "je t'aime, moi non plus". Passable.

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