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1 mars 2016

La Victoire des Femmes (Josei no shôri) (1946) de Kenji Mizoguchi

"Le devoir des femmes est facile : elles ont juste à se sacrifier."
Le beauf procureur

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Eh oui, il nous manquait un petit Mizoguchi dans cette odyssée : La Victoire des Femmes est loin d'être le chef d'oeuvre du sieur mais permet indéniablement d'enfoncer le clou sur la position de Mizoguchi dans cet après-guerre ; anti-féodaliste primaire, il se range forcément du côté des femmes capables de faire évoluer la société vers plus de démocratie : finies la dépendance absolue, l'obéissance bêtasse envers les hommes, les "obligations" au sein du couple. La femme doit absolument s'émanciper, quitte à couper le cordon avec ces mâles figés dans le passé. Kinuyo Tanaka, avocate, porte le film sur ses épaules : au cours d'un procès où elle défend une jeune femme accusée d'avoir tué son bébé (oui, c'est du pur Mizoguchi, y'a de la misère) elle va se dresser contre le procureur, un bon vieil opportuniste, à la philosophie ultra passéiste ; même s'il s'agit de son beauf, elle n'hésite pas sur ce coup à mettre sa sœur en porte-à-faux : mieux vaut que celle-ci finisse par quitter ce crétin et retourne penaude à la casa que de continuer de vivre sous son joug. Kinuyo Tanaka y croit, Kinuyo Tanaka vaincra. (Petite parenthèse au passage : mariée à l'excellent Hiroshi Shimizu, elle fut la première femme à passer à la réalisation ; six furent faits, nous y reviendrons quickly).

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Oui, Kinuyo Tanaka est entourée de gens dans des situations peu enviables : il y a d'abord son ex amant qui, après cinq ans passés en prison (encore un sale coup du procureur), sort tout malade. Kinuyo Tanaka reste à son chevet bien décidée à remettre sur pied cette figure pro-démocrate. Il y a donc, aussi, cette pauvre fille, ancienne camarade de classe de Kinuyo : son mari (il attend encore les aides de l'usine où il bossait - il devra attendre longtemps sauf s'il meurt rapidement) est mourant et, avec deux francs six sous moins deux francs, elle doit s'occuper de son bébé et de sa mère ; bref, elle n'arrive pas à joindre les deux bouts : quand son mari meurt (je le sentais venir), elle perd les pédales : le bébé meurt à son tour, étouffé contre son sein (oui, les bonnes nouvelles ne se bousculent pas au portillon chez Mizoguchi). Kinuyo Tanaka lui demande de se rendre à la police (il faut savoir toucher le fond) et décide de la défendre pour lui redonner toute sa dignité (elle n'est que la victime d'un système qui la broie). Bref, Kinuyo devra faire preuve d'adversité et de pugnacité, devant jongler avec ses problèmes intimes, ses problèmes familiaux, la Justice, la Société, la condition féminine - du pain sur la planche comme on dit.

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Du mélodrame (et des larmes et des larmes), du stoïcisme (le beauf cherche par tous les moyens à l'attendrir... accroche-toi Roger), de la droiture en escarpin et de la dignité froide (tout le final est consacré au procès), on ne peut pas dire qu'on ait de quelconques doutes sur la position de Mizoguchi dans ce combat féministe et sociétale. On demeure par ailleurs toujours baba devant le sens des cadres en intérieur de Mizo et son jeu à l'occase sur la profondeur de champ, même s'il ne s'agit pas de son oeuvre la plus chiadée esthétiquement parlant. Un film au final peu connu qui mérite d'être sorti des tiroirs pour rappeler encore et encore l'engagement sans frein de l'ami Mizo au côté de la gent féminine.

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Tout Mizo dans une soupe,

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