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29 janvier 2016

LIVRE : Figurec de Fabrice Caro - 2006

9782070777020,0-297609Essayez de m'enlever des yeux une seule planche du grande bédéiste Fabcaro, et vous allez voir de quel bois je me chauffe. Avant d'être le génial auteur de Zaï zaï zaï zaï, de Carnets du Pérou ou de La Clôture, le sieur s'est essayé au roman, chez Gallimard s'il vous plaît, et le résutat était déjà fendard et sans prétention. Caro a ici tout pour faire un vieux roman de SF comme on les aime, sérieux et conceptuel ; mais, politesse oblige, il choisit plutôt d'écrire une comédie un peu amère. On admire du coup la modestie du gars, sa façon d'éviter la grande philosophie austère, mais on regrette un peu aussi que, du coup, le roman n'aille pas assez loin dans son idée.

Idée excellente au demeurant : un homme découvre qu'il existe une énorme agence de figurants, qui fournit tout ce qu'on veut en terme de comédiens : ça va de l'employé de poste incompétent au pleureur d'enterrement, du gars qui remplit son caddie de produits de marque pour faire du lobbying au public de l'expo de Soulages, en allant jusqu'à (le narrateur en fera les frais) la fiancée factice mais idéale qui fera plaisir à papa et maman lors des déjeuners dominicaux. Loser, inadapté et pas très adulte, notre héros trouvera grâce à cette engeance une existence sociale au regard des autres... mais à quel coût ? Un tel concept fait frétiller l'imagination : et si le monde entier était constitué de figurants, si tout était mensonge autour de nous ? Dans ses meilleurs moments, le roman bascule dans une sorte d'angoisse métaphysique, un cauchemar éveillé, qui se cachent toujours derrière le gag et le comique de situation. Mais c'est comme si Caro ne se rendait pas compte de la puissance de son idée, ou du moins comme s'il avait peur d'aller trop loin : il désamorce ses envies de dystopie par une histoire gentiment vaudevillesque qui ne va pas très loin. Comme sa plume est très agréable et fluide, comme il a un sens parfait de la formule, comme il adore les punch-lines hilarantes, on est satisfait, c'est vrai ; mais la grandeur aurait été de concilier humour et profondeur. Bon, le gars n'est quand même pas malhabile, même quand il tente des figures vraiment casse-gueule (couper une phrase au milieu en fin de chapitre, glisser un chapitre puis reprendre la phrase), et Figurec se lit d'une traite avec une vraie banane en travers de la figure. C'est à ce jour le seul roman de son auteur, et c'est bien dommage : c'est agréable quand Gallimard pète un coup.

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