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Shangols
REALISATEURS
GODARD Jean-Luc 1 2
 
 
 

 
 
 
 
 
 
 
 
 
23 janvier 2016

Goodnight Mommy (Ich seh Ich seh) de Severin Fiala & Veronika Franz - 2014

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Un thriller horrifique autrichien sur la famille, on voit un petit  peu de quel côté lorgnent les deux réalisateurs de Ich seh Ich seh. Et c'est vrai : il y a (forcément, pourrait-on dire, tant le passage vers le vénérable maître paraît maintenant obligatoire dans le genre) du Haneke dans ce film, aussi bien dans la mise en scène que dans le scénario. Mais les réalisateurs tentent aussi avec aplomb de quitter l'ombre de l'aîné, et c'est plutôt dans leur originalité qu'on trouve leur talent, plus que dans l'allégeance aux codes hanekiens.

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Il sont dans un premier temps à l'orée d'un fantastique de conte de fées : au bord d'une forêt, une maison, et dedans deux enfants, jumeaux. Dans le rôle de la sorcière, leur mère qui sort d'une opération de chirurgie esthétique et dont le visage est caché sous les bandages. Les deux mômes sont convaincus qu'elle n'est pas leur vraie mère, qu'elle a été "remplacée", et il est vrai que la marâtre se comporte comme une despote alors qu'elle était gaie et aimante. Un huis-clos donc, mais avec la présence obsédante de cette forêt de rêve et de cauchemar à la fois. Le film travaille joliment sur la lenteur, l'immobilité, le presque rien qui fait peur, le micro-détail étrange qui fait vriller la réalité. On est tour à tour convaincu que les mômes ont raison et convaincu du contraire, c'est assez habile, et les réalisateurs arrivent parfaitement à tirer sur la corde de l'angoisse et du mystère. Tout comme dans The Visit de Shyamalan, ils ont compris qu'il y avait peut-être une nouvelle voie à creuser dans une sorte d'horreur quotidienne. Chez Shyamalan, c'est la vieillesse qui fait peur, l'ordinaire, celle qu'on connaît. Ici, l'altérité est interne elle aussi à la famille : je est un autre, quoi, si vous voulez. C'est la mère, figure réconfortante, qui devient le danger, juste par la force de ce qui est caché : un visage. Bien sûr, Franju avait déjà travaillé sur ce côté effrayant de ce qu'on ne voit pas d'un visage. Fiala et Franz prolongent cette idée avec panache, et pendant une heure on est vraiment pris par cette mise en scène envoutante et souvent inventive (la séquence de rêve dans la forêt...)

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Bon, après c'est vrai que les gars, emportés par l'enthousiasme, en font un peu trop. Le film prend un virage gore qui pourrait être intéressant (surtout que la violence est opérée là aussi par les éléments les plus innocents qui soient, des enfants), mais on tombe dans une sorte de grand-guignol qui sied mal à la sobriété du début. Fiala et Franz veulent absolument qu'il y ait une montée de tension régulière dans leur film, ça leur permet d'amener un coup de théâtre (assez inattendu) dans les dernières minutes ; soit, mais c'est dommageable à l'ambiance générale, la surenchère est moins effrayante que la tenue presque dreyerienne de quelques plans de la première heure. On a l'impression, à mi-chemin, d'entamer un nouveau film, moins intéressant (l'actrice est pas terrible, et on ne croit plus aux pulsions de violence des enfants, à leur indifférence). Tant pis : voilà un film intéressant et prometteur qui a pris le temps de réfléchir aux sources possibles de l'inquiétude.

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