Impolex (2009) d'Alex Ross Perry

Quand on n’a aucune thune, bonne idée que celle d'adapter un bouquin de Pynchon... Cela peut permettre de raconter un peu n'importe quoi, parce que, franchement, qui se souvient vraiment de l'histoire ? Blague à part, avouons quand même que Perry est assez culotté pour nous faire suivre pendant pas loin d'une heure un type perdu en pleine forêt portant un missile… le but (l’obsession plutôt ?) de notre soldat : retrouver un autre missile (il a le 01, lui manque le 00)... Oui, c'est bien 50% de l'action si on inclut le fait qu'il mange des bananes. Des rencontres ? Oui, oui, il en fait... Tel qu'un poulpe (à côté Maître Yoda c'est le summum au niveau des effets spéciaux) ou son ancienne copine - pas forcément de rapport... Notre type semble complétement lourdé, a des instants terribles d'absence (un peu comme le spectateur) et maugrée des trucs clairs comme une rivière chinoise (vous pouvez prendre celle que vous voulez au hasard, y'a plus de chance d'y croiser des porcs morts que des poissons vivants). On s'emmerde un peu ? On s'emmerde un peu, même si des types comme Gallo ou Weerasethakul ont usé le principe jusqu'à la corde (suivons un gars sur la route ou dans la forêt et tentons de semer les techniciens) et qu'on est relativement musclé au niveau de la patience... C'est bien gentil, burlesque si on veut oui, à la limite, mais pas vraiment prenant - je suis d'ailleurs allé faire un petit footing en forêt au milieu de film, j'ose l’avouer : c'est mieux que rien au niveau de l'inspiration...

On se demande donc où tout cela va bien nous amener (on s'attend de toute façon à une fin en queue de poisson : même s'il trouve le second missile, on s'en branle...) mais on a droit tout de même vers la fin du film à une petite séquence sous le signe du souvenir qui nous remet un peu le pied à l'étrier. Rien de fondamentalement extraordinaire dans cette discussion entre notre soldat et sa copine délaissée en Amérique si ce n'est que cela nous donne droit à un ou deux plans séquences qui laissent enfin aux deux acteurs la possibilité de jouer quelque chose ; Kate Lyn Sheil, en gros plan, se lance notamment dans une tirade (ce qu’elle fit pour pallier aux absences de son homme) qui ne manque pas de souffle... On prend un peu au vol ce que l'on peut avant de repartir sur les traces de notre gars perdu dans la forêt (ah ben ouais le second missile, il est juste là, tiens...). Pour les fans purs et durs de Perry mais rien de réellement incontournable - un mignon ovni, à tout prendre...