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Shangols
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28 décembre 2015

Les Aristochats (The Aristocats) de Wolfgang Reitherman - 1970

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Le roi est mort, piétinons allègrement les restes du roi. Walt Disney s'est éteint avant la réalisation des Aristochats, et on remercie Vishnou : il serait certainement mort aussi s'il avait assisté à la première. Totalement indigne du maître, ce film est une véritable tâche dans la filmographie pourtant inégale des studios Disney. On a vraiment l'impression que, lui absent des écrans de contrôle, les techniciens du film se sont laissés aller au bâclage complet. Au niveau technique, c'est complètement raté, au niveau scénar, rien à se mettre sous la dent. Il n'y a guère que pour sa musique que le film peut éventuellement faire date, dans sa façon joyeuse de faire entrer le jazz dans la chansonnette sirupeuse de Disney. Mais même de ce côté-là, précisons-le d'emblée, c'est pas complètement satisfaisant : le morceau de bravoure central (un concert de jazz donné par des matous de gouttière dans un taudis de banlieue parisienne) manque de peps, gâché là aussi par des danses mal dessinées ; et pour le reste de la BO, à moins d'aimer Maurice Chevalier et les accords mineurs, franchement on repassera.

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Mais ce n'est pas là que ça pêche le plus. D'abord l'histoire : des chats sont abandonnés à quelques kilomètres de Paris, et rentrent à Paris. Ce qui leur arrive en chemin ? ben rien. Ils rentrent à Paris. Bon, c'est des aristos et ils rencontrent un chat de gouttière, ok. Mais de danger, aucun, à moins de faire rentrer la pluie dans cette catégorie. Ce morne, très morne voyage sur fond de découverte des classes prolétaires n'a aucun enjeu, aucun suspense, aucune peur à nous donner. Il ne se passe rien dans ce film. Les auteurs, trop occupés à aligner des personnages secondaires inutiles (un couple de chiens de garde qu'on croirait plutôt issus d'un Hanna-Barbera, des oies anglaises cancannières qui font stagner l'histoire), oublient que pour faire un film un poil intéressant pour nos têtes blondes, il faut un peu d'aventures, de risques, de danger. Dépourvu de méchants, le film est d'une exaspérante platitude. Il y a certes le méchant majordome, mais il est trop ridicule pour être vraiment inquiétant, et dépourvu du moindre charisme. Il est maladroit, con, et ne constitue jamais une vraie menace pour les chats. Rendez-nous les Capitaine Crochet, les Cruella, les méchantes Reines. Il faudra en guise de prise de risques se contenter d'une presque-noyade en rivière et d'une bataille finale poussive. Le reste du temps, ça ne vibre jamais, aucune émotion ne se dégage ni de ce couple naissant, ni de ces chatons pourris-gâtés. On passe son temps, du coup, à relever les accès de ripolinage du sujet : les chats, dépourvus de trous du cul et de sexe, l'absence inexpliquée du père des chatons, la politesse brandie comme un étendard contre l'anarchie des joueurs de jazz, etc. Berk.

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Mais côté technique, c'est encore pire. On veut bien accepter la tentative (ratée) de changer un peu l'esthétique lisse de Disney : les gros plans sur "Madame", par exemple, qui laissent apparentes les ébauches dans les cheveux et les vêtements, montrent que les gusses ont voulu tester une sorte de crayonné en mouvement, ok on accepte. Mais dans les plans d'ensemble le film est franchement hideux. Les cellulos, peints au rouleau pour ce qui est des fonds, engloutissent complètement les traits des personnages ; ceux-ci, dépourvus d'ombre ou du moindre relief, semblent plaqués sur le décor : on dirait un de ces cartoons des 70's faits pour la télé en trois jours. Disney n'aurait jamais accepté ces fonds unis (les scènes avec les oies sont les pires) ; il n'aurait probablement pas accepté non plus ces reprises infinies des mêmes plans à différents endroits du film : Milady danse toujours pareil, le chaton qui crache le fait toujours sous le même angle, et on se dit que les gars sont pris la main dans le sac (ou dans la photocopieuse) d'une grosse paresse à ce niveau-là. On s'arrache les cheveux devant l'indigence de la technique et des dessins : un film bâclé, insipide et sans intérêt. Le comble.

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