LIVRE : L'étrange Bibliothèque (Fushigi na toshokan) d'Haruki Murakami - 2005

Comme tous les ans, Murakami sort son arnaque de Noël, y a pas de petits profits. Une courte nouvelle qui vire à l'auto-parodie, illustrée au plus rapide par Kat Menschick, éditée il est vrai sous couverture cartonnée qui brille sous le sapin, 17 euros, emballé c'est pesé, ça paiera le prochain week-end en Europe de son auteur. Bon, n'exagérons pas, ce n'est pas tout à fait désagréable de retrouver la patte fantastique murakamienne, son goût pour les labyrinthes et pour les situations banales qui plongent dans l'absurde, ses personnages érudits dépassés par les évènements et ses ambiances barrées. Ici, c'est un jeune homme qui rentre dans une bibliothèque pour emprunter un bouquin, et qui se retrouve, au bout d'un long couloir mental aussi bien que physique, enfermé dans une pièce-cerveau, condamné à potasser un énorme livre sur le système fiscal turc par un gardien dictateur. Ajoutez-y un homme couvert d'une peau de bête (le retour du Mouton Sauvage ?), une jeune fille typiquement murakamienne (évanescente et mystérieuse), et vous avez une sorte de kit complet de l'auteur, fable psychologique et psychédélique, humour à froid, aventure sur fond de cerveaux embrumés, etc. Jusqu'à la caricature, comme je le disais : on dirait qu'on a déjà lu cette histoire dix fois dans d'autres livres de Mura, et le système commence vraiment à tourner en rond. Ça reste agréable, mais c'est aussi beaucoup trop court pour vraiment vous emporter dans ses atmosphères. D'autant que les illustrations, hyper expressives, arrivent comme des redondances qui ferment toute l'imagination du texte : illustratives, sans idées, elles ne font que répéter en moins bien ce que Murakami écrit, et sont de toute façon beaucoup moins belles que ce que la plume subtile du gars arrive à créer dans nos cerveaux. Un livre pour rien, donc, ce qui n'est pas rare chez cet auteur devenu beaucoup trop banquable pour ne pas être exploité jusqu'à la lie.