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12 décembre 2015

La Chute de l’Empire romain (The Fall of the Roman Empire) (1964) d'Anthony Mann

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Pour conclure cette odyssée de l'ami Mann, son péplum-fleuve qui nous réserve quelques jolis instants de bravoure à défaut de nous faire chavirer pendant trois heures. Que faut-il retenir de la chose ? La présence, tout de même, de la Sophia Loren avec ses grands yeux jaunes fascinants et sa poitrine généreuse qui ne l'est pas moins. Son histoire d'amour contrarié avec Livius (Stephen Boyd) est un peu le fil rouge de la chose : ils s'aiment mais elle doit se sacrifier à l'Empire en épousant le roi arménien... Dommage. Ils s'aiment, peuvent se retrouver si Livius se tient à carreau des affaires romaines (c'est la promesse que lui fait le césar Commode - monte là-dessus) mais Livius préfère défendre ses idées au Sénat. Re-dommage. Sophia tente un coup de Trafalgar en poussant à la rébellion les troupes de l'Est contre Rome (pensant ainsi favoriser l'accession au pouvoir de Livius). Mais Livius préfère préserver l'unité de l'Empire et mate cette rébellion... Bref, à force de jouer un rôle actif face aux forces obscures de l'Empire, notre couple ne cesse de se sacrifier, de se déchirer.

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La deuxième chose qui impressionne, c'est l'ampleur des reconstitutions. Lors des multiples combats ou du retour de Commode à Rome, il y a plus de figurants que de chômeurs dans la région PACA. C'est hallucinant cette foule sur le forum et ces costumes, ces "toilettes" multipliés par milliers qui feraient pleurer de joie ma grand-mère et ma couturière. Mann met le paquet au niveau des "choeurs" romain et il est bien difficile de ne pas rester subjuguer par ces foules, à pied ou à cheval, en délire. Les combats constituent aussi de vrais ballets esthétiques, les petits soldats rouges se mêlant aux petits soldats violets comme deux couches de chocolat fondu colorisé. Les Barbares ajoutent même un peu d'esbroufe et de spectacle : leur truc, c'est de sauter d'un coin de l'écran sur leur adversaire ; effet sauvage garanti. C'est toujours un peu chiant l'aspect reconstitution dans les péplums, mais le travail de finition, ici, l’application dans les moindres détails (où que se portent nos yeux, tout semble parfait) est tout de même à louer.

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Troisième aspect sur lequel j'aimerais revenir et qui trouve bizarrement un certain écho avec nos jours douloureux. Il y a tout d'abord James Mason (un proche de Livius) qui refuse de céder face aux "Barbares" (ceux qui ont déposé la marque...) : il se montre capable de subir la pire des tortures sans moufter pour leur démontrer l'humanité et la grandeur de ses idées. Les Barbares, moins couillons que d’autres quelques siècles plus tard, finissent par accorder du crédit au James. Le second mouvement, initié par Livius et défendu par James et un sénateur, consiste à vouloir ouvrir les frontières de l’Empire à ces hommes ; loin d'affaiblir l'Emplir, ils viendront le renforcer, lui ajouter de la grandeur. Les réfugiés syriens opinent. Les plaidoyers sont beaux et finissent par être entendu par un Sénat plus tolérant qu'il en avait l'air.

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Enfin, il y a la bourre (autre fil rouge) que ne cesse de se tirer Commode et Livius : potes d'enfance, ils se saoulent comme des salopiots quand ils se retrouvent. Seulement voilà, l'un est de gauche est prône la tolérance, l'ouverture, le rassemblement, l'autre est de droite est prône la force, la division (comment ça, je simplifie à outrance ? Bon allez voter déjà au lieu de me faire la morale). La bonne foi de l'ami Livius a du mal toutefois à s'imposer face à la malignité d'un Commode qui l'est rarement. Il reste "aveugle" (à l'image de son pote Cléandre) à l'intérêt général de l'empire en ne considérant que le sien. Tout le début du déclin de l'empire romain consistera en cette erreur de donner le pouvoir à des gens imbus de leur personne (culte de la personnalité), prêt à s'acheter des soutiens en dilapidant les fonds d'Etat (populisme primaire), sans philosophie et principes (juste un sens aigu de l'opportunisme (spéciale dédicace to Laurent W.)). Outre ce combat d'idéaux, on assiste à deux combats frontaux qui tiennent en haleine : le premier est une course de char entre les deux hommes  - ça décoiffe sévère dans la campagne... espagnole. Le second consiste en un bon vieux combat, dans l'esprit des gladiateurs : plutôt piquant.

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Mann a les moyens pour livrer une fresque époustouflante mais l'ensemble manque bizarrement un peu de souffle, de force, de liant. Quelques moments muets font péter la mise en scène spectaculaire et grandiose mais l'on ne retrouve pas toute la "sueur" et la "moiteur" des grands Mann. Les personnages semblent souvent trop engoncés dans leur costume et ont souvent du mal à incarner autre chose que des postures (Mason se donne quand même à fond, reconnaissons-le). Un grand spectacle au final très soigné techniquement mais qui rame pour nous prendre par la main et nous émouvoir.

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All my man Mann, here

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