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Shangols
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GODARD Jean-Luc 1 2
 
 
 

 
 
 
 
 
 
 
 
 
9 mai 2018

Le Lauréat (The Graduate) (1967) de Mike Nichols

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Dans notre cycle "bas de soie" comment échapper à The Graduate ? Avant d'être vieux et autiste, Dustin Hoffman fut donc jeune et puceau. Pour faire le grand saut dans la piscine de la vie (je ne l'assume qu'à moitié celle-là), il va choisir Anne Bancroft, une amie de ses parents (36 ans au compteur, des sièges et des yeux en velours). Dustin se sent pousser des ailes, encouragé par la musique omniprésente de Simon et Garfunkel (un peu trop de Simon, pas assez de Garfunkel ? On ne rentrera pas aujourd'hui dans le débat). Anne et Dustin ont bien du mal à quitter les draps de cette chambre d'hôtel. Quel sera l'élément perturbateur (au-delà du fait que le jeunot Dustin aime à avoir des discussions à la con avec l'Anne quand l'ardeur sexuelle n'est pas au top) ? La fille même d'Anne, Katherine Ross (27 ans... ouais, la fiche IMDB porte un coup à la crédibilité de cette relation mère-fille mais passons). Beaucoup moins sensuelle que la mère (c'est un avis personnel) mais un peu plus naïve (« plus fraîche » serait franchement déplacé, nous n’oserons) la gazelle va faire craquer notre Dustin qui mange la poussière (another one). Il part tout de même avec un lourd handicap en annonçant à la chtite qu'il s'est tapé sa mère (c'était moins courant en 67 que de nos jours, of course... hum)... Mais le Dustin est pugnace et prêt à tout pour avoir son dû...

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On apprécie dès le départ, ces jolis petits symboles érectiles placés dans le champ par Nichols quand l'Anne fait du rentre-dedans au Dustin : d'abord on peut noter l'antenne de radio dressée littéralement en direction de la "cougar" avant la lettre (diable, dire que je suis déjà plus vieux qu'elle... ça s'appelle comment ça maintenant, un vieux de 43 ans ? Un kouglof ?) puis celle de la voiture rouge de Dustin alors que ce dernier raccompagne l'Anne chez elle (il fait son benêt asexué mais on comprend qu'intérieurement (au moins dans son slip) ça chauffe dru). Il y a ensuite, parmi les choses que l’on aime, cet érotisme bon enfant avec un Nichols qui se joue de la profondeur de champ (l'Anne se trouvant le plus souvent au second plan, comme une projection des fantasmes du Dustin). Il y a enfin, ce qui n'est pas négligeable, une vraie dose d'humour dans toute cette situation qui se joue des clichés : du Dustin faisant le kéké dans la piscine à la peur de celui-ci lorsque ses parents veulent inviter sa maîtresse, on est plus d'une fois assagi d'un petit rire nerveux. Avec sa coupe au bol et sa petite fierté de jeune coq, Hoffman excelle à rendre plus d'une situation relativement poilante (on retiendra la fameuse discussion qu'il engage avec sa maîtresse un soir où ce jeune barbot a envie de discutailler le bout de gras). Le film baisse un peu en intensité avec la liaison entre Dustin et la fille d'Anne (l'invitation dans le club de strip-tease reste tout de même un must) mais repart à fond les ballons avec la réaction terrible des parents (vous êtes jamais tombé à vingt ans de façon impromptue sur le père de votre copine ? Ouais, ben je ne vous le souhaite pas). Dans la dernière ligne droite Dustin, boosté une nouvelle fois par Simon and Art (Nichols a la main un peu lourde avec certains titres), va retrouver un regain d'énergie pour aller jusqu'au bout de ses envies (de la pulsion sexuelle (soft) à la pulsion sentimentale (hard) en quelque sorte). Si vous ne savez pas à quoi peut servir un crucifix (une épée en bois ? nan), vous trouverez ici une suggestion des plus revigorantes. Une oeuvre à voir éternellement en cachette à l'âge ado. Bon, admettons qu'au niveau du ton, tout cela reste parfois un peu dans les clous d'autant que la "bonne morale" ne cesse de faire irruption au sein du récit (par le biais du propriétaire de la chambre de Dustin ou des parents de Anne). Mais l'humour reste tout de même assez décapant (ces derniers cités étant ironiquement moqués ; les parents de Dustin remportent tout de même la palme dans le comique acerbe) ce qui permet au film non seulement d'aborder avec une évidente légèreté certaines thématiques olé olé mais surtout de résister facilement à l’épreuve du temps (l'humour n'a pas d'âge, contrairement au whisky : c'est bien connu). Bref une ola pour un Dustin en trublion sexué avec la coupe débandante de Sollers. Pétillant et indémodable.   (Shang - 19/11/15)

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Beaucoup plus emballé que mon confrère par cette chronique douce-amère souvent plus amère que douce, rythmée par les chansons mi-figue mi-raisin (et souvent plus raisin que figue) de Simon et son pote ("it's the souuuunds of silence"), et qui nous fait passer d'une émotion à une autre avec une belle force : pendant la première heure, on est dans la comédie, et on se marre assez franchement aux petites mines déconfites de Dustin (au jeu pas encore complètement en place à mon avis, à la limite du cabotinage) et aux situations de comédie ; ensuite, on plonge dans un drame romantique assez poignant, grâce à cette scène d'une cruauté terrible où notre héros traîne malgré lui sa fiancée dans les boîtes de strip-tease de Broadway. Le basculement d'un genre à l'autre se fait d'ailleurs dans cette scène, la légèreté pop de la jeunesse désoeuvrée se transformant sous nos yeux en dépression caractérisée. Voilà un film qui pourrait bien d'ailleurs un de ceux emblématiques de ces années-là et qui expriment les désllusions d'une génération, comme Easy Rider pour une autre classe sociale. Autrement dit : un film plus profond et ample que ce qu'il paraît.

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Une profonde dépression suit Dustin, en pleine confusion sexuelle et sentimentale à l'aube de son fameux passage à l'âge adulte. Le film enregistre d'abord ça par le biais d'un déniaisement assez marrant : sous la férule d'une Anne Bancroft excellente et diablement belle, le gars apprend non seulement le sexe, mais aussi l'orgueil, la mauvaise foi et les caprices, ses corollaires. Le camp des adultes est filmé comme un groupe d'immatures bourgeois parfaitement détestables, et Dustin est forcé de se réfugier dans sa piscine, où il passe de longues journées d'ennui en attendant un miracle, quand elle ne donne pas lieu à quelques scènes magnifiques d'extraction au monde. On apprécie, dans cette partie, le côté morcelé de la mise en scène : la découverte du corps de Mrs Robinson, notamment, est un collage godardo-warholien assez bluffant. Le film est bien de son époque, s'inspirant des peintures américaines flashy et du rock de ces années-là. La deuxième moitié est beaucoup plus tourmentée, guidée par l'adorable Katherine Ross (charmante et diablement bonne actrice, elle enterre même Hoffman par son charisme et son naturel). C'est vrai que le film souffre d'une baisse de rythme au début du dernier tiers, ne sait plus trop où aller, et comporte quelques répétitions un peu chiantes. Heureusement il y a la dernière scène, romantique, fiévreuse, parfaite, et ce dernier plan magnifique : un homme et une femme assis dans un bus, en état de béatitude profonde, ayant encore du mal à mesurer leur chance et leur joie. C'est beau comme un premier amour.   (Gols - 09/05/18)

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Commentaires
J
Effectivement c'est un peu la fin d'une effervescence car à la relation déstabilisante mais passionnée va succéder une relation apaisée plus conformiste. Ils fuient leur société partiarcale réciproque pour, sans doute, construire la leur, et n'oublions pas que le film est réalisé en 1967, période où la jeunesse américaine veut redéfinir une nouvelle société.
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G
Ah lecture intéressante, Arcamus, je reconnais. Mon optimisme béat m'a fait voir ça en rose, mais effectivement, on peut lire ça différemment...
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A
je ne partage pas votre remarque sur le dernier plan<br /> <br /> c'est la fin de l'innocence et ils sont chacun dans leur bulle sans communication<br /> <br /> écouter les paroles "hello darkness my old friend..." ce n'est pas vraiment la béatitude mais le retour à l'ordre
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J
La "cougar" avant la lettre (diable, dire que je suis déjà plus vieux qu'elle... ça s'appelle comment ça maintenant, un vieux de 43 ans ? Un kouglof ?)<br /> <br /> <br /> <br /> Bravo, vous avez le sens de la formule ! Jamais vu ce film par contre.
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