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23 octobre 2015

Les Plaisirs de l'Enfer (Peyton Place) (1957) de Mark Robson

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Mark Robson prend son temps (150 minutes, tout de même, la bête) pour nous faire le portrait d'une petite communauté bien proprette en apparence mais où la chienlit comme le chiendent s'infuse progressivement, insidieusement : tout le monde il est beau, tout le monde il est gentil et la politique de l'autruche est encore la meilleure façon de ne pas voir certaines effroyables vérités... Dans cette petite communauté bien fermée sur elle-même, on assistera à un combat entre le monde de la jeunesse vs le monde des adultes. L'un des éléments "perturbateurs" (ou disons annonciateur de changements) viendra de l'extérieur en la personne d'un nouveau chef d'établissement (Lee Philips as Michael Rossi) : son discours est basique ; il veut enseigner avant tout la vérité, se baser sur les faits, être pragmatique et mettre en place des cours sur la sexualité. Il est vu plutôt d'un mauvais œil par cette communauté de culs-bénis (pas moins de six églises dans le bled) qui va devoir peu à peu faire amende honorable : c'est la condition sine qua non pour rester en phase avec la jeunesse montante ; sans cela, celle-ci désertera Peyton Place...

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On suit en particulier les pas de trois donzelles (belle brochette composée de Diane Varsi (Allison), Hope Ange (Selena) et Terry Moore (Betty)) : la première est en conflit ouvert avec sa mère (Lana Turner, un balai dans le cul), la deuxième avec son beau-père alcoolique (violent et obsédé : il la violera, c'est dit), la troisième avec le père de son copain (le pater, notable de base, voit mal son fils promis à un brillant avenir (...) s'acoquiner avec cette coquine). Lee Philips ouvrira les yeux et le coeur de la Turner, un docteur osera briser le silence pour "enfoncer" l'alcoolo, la guerre (on est à la veille de l'attaque de Pearl Harbor) s'emploiera à remettre les idées en place au notable... La peur du scandale implosera façon puzzle et tous les petits morceaux se remettront peu à peu en place pour faire évoluer cette cité ultra conservatrice, ultra prude et ultra hypocrite...

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C'est plutôt bien rendu, Peyton Place, cette cité au milieu de nulle part, ayant de prime abord des allures de Wysteria Lane villageois : les adultes, les notables semblent vouloir œuvrer pour faire de la ville un livre d'images sur papier glacé et l'ambiance n'en est que plus glaçante. Heureusement les petits jeunes organisent des boums ultra punks (ok, on ne boit pas mais, lors des fiesta entre djeun’s on éteint les abat-jours de mère-grand et on s'embrasse dans les coins : so shocking), n'hésitent pas à faire des escapades dans la cambrousse (l'épisode bon enfant où Allison, un baiser à son actif, initie l'un de ses amis les plus coincés au bécot : mignon comme tout) et font de la résistance face à leur parents (une fuite, un meurtre, un mariage... Robson privilégiant joliment l'ellipse pour que la vérité éclate soudainement aux yeux des adules - et du spectateur). On croit dès le départ à l'existence de ce meilleur des mondes aux couleurs pastel, rehaussées parfois d'une pointe de rouge, (certaines images sont dignes d'un tableau de Hooper, pas moins) et le film, sans avoir besoin de rebondissements spectaculaires, se suit sans jamais que l'on ne tombe dans l'ennui (belle construction narrative, vrai sens du rythme dans l'enchaînement des séquences) : même le procès final, pour une fois, ne fait pas tomber la guillotine sur notre patience. Belle direction d'acteurs et belle réussite : Robson n'est pas Minnelli (dans le côté flamboyant) ni Sirk (dans le mélodrame) mais cette œuvre tient bien son rang au milieu des maîtres. Oubliez juste le titre français qui fait de la métaphore une arme de destruction massive...

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