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20 octobre 2015

Un Enfant dans la Foule (1976) de Gérard Blain

vlcsnap-2015-10-20-21h49m10s16

L'ambiance des films de Gérard Blain est, soyons franc, différente de celle des Monty Python. L'atmosphère n'est donc pas franchement à la déconne et il ne faut pas avoir une tension trop basse avant de se lancer dans le visionnement. Cela dit ce portrait tout en finesse et en sobriété du gars Paul est loin d'être inintéressant : un enfant du siècle, un peu branleur, un peu voleur, qui souffre de façon flagrante, comme un certain Antoine D., du total manque d'intérêt - pour ne pas dire d'amour - de ses parents. Des parents rapidement divorcés, un père ensuite rapidement aux abonnés absents et une mère pas franchement démonstrative (Tiens maman je t'ai acheté un cadeau / Pose-le sur la table). Du coup le gamin est un peu livré à lui-même : pendant la guerre, il discutaille sympathiquement avec le Boche (je vais te montrer des photos de mein Famille), après la guerre il sympathise indiscutablement avec le Ricain (je vais te montrer des photos de my famille), comme s'il cherchait avant tout à capter l'attention, à trouver un peu de chaleur humaine. Ce gamin paraît manquer de caractère (sage comme une image, semblant juste se réveiller quand il s'agit de rapidement chourrer un truc) mais il n'est rien : l'une des séquences les plus fortes a lieu lorsque, à la libération, une jeune femme tondue, accompagnée de courageux Français qui peuvent enfin faire montre de leur fierté à la con, est exhibée toute nue en pleine rue. Ce petit peuple de bons Français l'insulte, la mette plus bas que terre, ricane, se moque et l'abandonne à son sort. Le petit Paul est le seul à aller vers elle et à lui poser humainement la main sur le dos - c'est presque rien, ça dit tout... Un gamin donc un peu laissé pour compte qui fréquente de moins en moins l'école et de plus en plus les adultes... les hommes... qui aiment bien les enfants... qui aiment beaucoup les enfants, voyez. Paul suit ces sortes de "mentors" à la biliothèque toujours bien fournie, nonchalamment, obéissant... Et c'est un peu tout. Le parcours sentimental d'un ado troublant (pour les adultes surtout) dans une époque troublée.

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Sur la toute fin, alors que le gamin, renvoyé définitivement de l'école, veut jouer les figurants dans Les Enfants du Paradis, on assiste à une petite séquence qui en dit long sur son auteur. Le gamin croise dans la rue un certain Gérard Blain, celui-ci allumant sa clope avec celle de celui-là - et vice versa ; bref vous m'avez compris, on sent dans cette transmission de feu (sacré) toute la charge la biographique de la chose : l'ado s'élance vers de nouvelles aventures - le cinéma comme nouvelle bouée (j'ai pas dis "vague" mais j'aurais pu) de sauvetage. Un film pas ultra olé-olé et d'un tact démentiel... Pas si plombant pour autant, admettons-le, pour rester sur une bonne note : on est dans le portrait par petites touches, précises, sereines. 

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