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Shangols
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GODARD Jean-Luc 1 2
 
 
 

 
 
 
 
 
 
 
 
 
12 octobre 2015

Ménilmontant (1926) de Dimitri Kirsanoff

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Voilà un film choc (le double meurtre initial à la hache envoie du bois et la baston finale entre deux hommes est tout aussi violente - magnifique montage qui tressaute comme une chaine de tronçonneuse) et mélodramatique à souhait (deux orphelines, un triangle amoureux, une fille-mère à la rue - préparez le gaz). Après une ouverture qui marque les esprits, Kirsanoff capte les jeux innocents de deux petites gamines. Jusqu'à ce que l'une des deux découvre, forcément effarée, la disparition de ses parents. C'est cette suite de moments terribles et d'instants innocents, plus pausés, qui donne un cachet particulier à ce moyen-métrage (37 minutes) de 1926. Juste après que l'héroïne (la sublime redonnaise Nadia Sibirskaïa, compagne du Dimitri) découvre l'amour, elle déchante en voyant son marlou au bras de sa propre soeur. Avant de se jeter dans cette triste Seine (en trois plans et sans avoir besoin (tout du long d'ailleurs) de quelconques intertitres, on comprend qu'elle pense au suicide), elle se refait le fim des moments futiles et légers de son enfance. Finalement elle renonce. On la retrouve plus tard errant dans la rue, un marmot dans les bras, famélique. Là encore, un bon vieil Auvergnat (on les reconnaît avant même que Brassens les ait mis en musique), assis à ses côtés sur un banc dans la froidure, partage un bout de pain et de sauciflard avec la pauvrette dont les larmes intérieures remercient le brave homme. Quand on pense que notre chtite va crever dans le caniveau, by night, dans les rues sombres de Ménilmontant, elle retrouve par hasard sa soeurette, plus nantie qu'elle, qui lui ouvre les bras. On se réjouit de ce happy end même si le Dimitri un brin mélanchoniste avant l'heure préfère en remettre une couche dans la misère humaine en montrant le petit marlou pris dans une rixe fatale (le retour de bâton...).

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Une suite de haut et de bas (enfin surtout de bas) qui dresse un portrait tragico-mélodramatique de ces petites gens. Kirsanoff, au- delà de ce récit magnifiquement mis en images, sait rendre magistralement la fuite du temps (le cimetière qui tombe en ruines notamment), l'attente, l'absence (la soeur ainée qui fixe l'oreiller « abandonnée »de sa soeurette...), l'errance (ces rues vides qu'il prend le temps de filmer). On aime aussi tous ces petits inserts sur des chats qui viennent donner un petit côté réaliste, pris sur le vif, tout au long du récit. Un film qui rend joliment hommage à toute la grisaille du Ménilmontant de son temps (et de la vie de son petit peuple), une oeuvre transcendée par la force de certaines images et l'intelligence du montage (au sein de chaque séquence et dans l'enchaînement des séquences). A voir et revoir.     

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