Le Trésor du Pendu (The Law and Jake Wade) (1958) de John Sturges

John Sturges réalise un nouveau petit western nerveux comme on les aime : à ma gauche, Robert Taylor as Jake Wade aux yeux plus clairs que son passé trouble - ancien bandit, il est dorénavant shérif dans une petite bourgade et à la colle avec la mignonne Patricia Owens. Comme il est joueur, et un type d'honneur, il part délivrer dans une bourgade voisine son ancien partner (qui l'avait sorti par le passé d'un mauvais step). A ma droite, ce bon vieil enfoiré de Richard Widmark : Robert le libère mais Richard lui en veut toujours à mort. Il garde en tête leur dernière affaire et le coup de Trafalgar du Robert qui s'est barré avec la thune (Robert, après un impair lors de l'attaque d'une banque (le meurtre d'un gamin), ayant décidé d'enterrer l'argent du larcin pour mettre un terme définitif à sa carrière). On voit le plan venir de loin : Widmark kidnappe Patricia, braque Robert et lui demande gentiment avec quatre autres hommes de main plus patibulaires les uns que les autres (Henry Sylva et sa tronche de poupon bercé trop près du mur, DeForest Kelley et ses faux airs de Laurent Boyer sadique) de le mener jusqu'au fameux "trésor" enterré. On a tranquillement notre fil rouge, on peut s'installer confortablement dans notre fauteuil.

Robert est droit dans ses bottes mais toujours à l'affût d'une porte de sortie (il guette, attend son heure pour fausser compagnie à ces sales types). Richard est faux comme la mort, capable de sourire avant de frapper une femme ou de dézinguer l'un de ses propres hommes. On a là ce que l'on est en droit d'appeler une confrontation entre le bien (un repenti capable d’honorer ses engagements) et le mal (un petit enculé jusqu'au-boutiste). Les discussions vont bon train entre les deux hommes qui durant tout le voyage, se jaugent, se jugent. Ils sont irréconciliables mais attendent poliment cinq minutes avant le générique de fin pour régler leur compte. Entre temps il y a les tentatives d'évasion, les paysages pour la photo (on apprécie au passage le sens du cadre de Sturges, la composition du plan et son jeu avec les couleurs), le passage (salutaire ou non) de la cavalerie, l'attaque des Comanches. Pas le temps de s'ennuyer lors de ce petit voyage touristique au programme bien fourni. Le final demeure forcément the top of the cream avec ces Comanches « traditionnels » déchaînés (pas de flingues mais une belle habilité avec les objets en vente dans leur stand : flèches, lances, haches, coutelas) et le face-à-face tendu comme une jarretière S autour du jarret de Kim Kardashian entre nos deux héros. Robert aux yeux revolver versus Richard le cafard. C'est pas du Leone mais on en est pas si loin : they play «  hide and seek and shoot » dans les règles de l'art. On en frémit encore. Encore un bon ptit Sturges au taquet. 

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