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9 octobre 2015

Héros ou Salopards ('Breaker' Morant) (1980) de Bruce Beresford

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Un film anglais, de procès, pendant la guerre des Boers, est-ce bien raisonnable voire tout simplement suicidaire ? Eh bien ma foi non. Beresford parvient à tenir sur la durée en mêlant adroitement flash-back sur les méfaits dont les trois soldats d'origine australienne sont accusés (engagé par l'armée pour combattre les commandos Boers, ils ont tué volontairement des prisonniers), procès (le gros morceau) et d'éventuels inserts revenant sur le parcours de tel ou tel individu. Durant cette sale guerre (mais citez-moi une guerre propre si ce n'est celle contre les bactéries dans vos toilettes), est-ce que tous les coups sont permis ? Peut-on justifier le fait d'avoir tué des prisonniers en se dissimulant derrière les ordres reçus ? C'est la première problématique qui pourrait s'imposer à l'esprit, tendant à nous faire condamner derechef ces véritables mercenaires australiens : ils ont agi de façon barbare et même s’ils ont agi sous le coup de la vengeance (leur chef ayant été découpé en morceaux par les Boers) leur acte paraît difficilement justifiable. Mais rapidement, une autre couche, plus subtile, vient s'ajouter à la première : que ces hommes soient des héros ou des salauds, à la limite, là n'est vraiment pas la question. Il semble en effet plus intéressant d'analyser dans quelle mesure leur procès est instrumentalisé par le pouvoir britannique : et si ces trois pauvres hères n'était que les boucs émissaires d'une nation qui chercherait, par leur condamnation, à se donner bonne conscience, à sauver la face par rapport à d'autres Etats (nos hommes sont également accusés d'avoir tué un Allemand après le massacre des prisonniers - et l'Allemagne n'attends qu'un faux pas pour se jeter dans la guerre... aux côtés des Boers). En gros, ce procès "en bonne et due" forme risquerait de n'être qu'une belle supercherie.

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Tout semble dès le départ mal parti pour nos trois hommes. On leur file en plus, vingt-quatre heures avant l'ouverture du procès, un avocat gallois spécialisé dans les problèmes testamentaires : sans défense qui tient la route, leur condamnation semble inéluctable. Seulement voilà, si l'avocat paraît dans un premier temps guère qualifié et un peu bouillon, il va rapidement se montrer particulièrement pertinent et malin pour défendre les trois accusés. Non seulement il cherche à les blanchir (les ordres sont les ordres) mais également à retourner les accusations contre ceux-là mêmes qui s'en prennent à eux. On imagine un certain Vergès rire diaboliquement en coulisses. Rapidement nos trois hommes commencent à sentir souffler sur leur tête un petit vent de liberté. Les condamner serait comme incriminer tout combattant de leur propre camp... Un suspense malsain commence à planer sur l'issue de ce procès où les arroseurs se retrouvent arrosés. La conclusion tombe comme un couperet (nous tiendrons le suspense jusqu'au bout) dans ce récit particulièrement bien construit et mené. Même s'il y a un petit côté démonstratif qui serait parfait pour les Dossiers de l'Ecran, l'oeuvre marque des point par le jeu des acteurs et surtout par le fair-play, l'intelligence, la finesse qui a cours lors des débats intelligemment montés. Un Beresford finaud à défaut d'être pleine boer. 

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Commentaires
B
Y a "tendre bonheur" sinon.
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