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7 octobre 2015

Tu dors Nicole (2015) de Stéphane Lafleur

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L'été au Canada peut-il résolument être aussi chiant que la pluie en Ouzbekistan ? C'est ce que tendraient à nous faire croire les tergiversations de l'héroïne de ce film, Julianne Côté as Nicole. Les grandes vacances, c'est la période de toutes les libertés (les parents se sont barrés et ont laissé la casa avec piscine), de toutes les folies, de toutes les amours. Ouais, ben pas pour Nicole. Ce n'est pas tant le fait de dormir qui la fait passer, Nicole, à côté des choses... Non, on a juste le sentiment qu'elle vivote, faisant plus penser à une somnambule qu'à quelqu'un qui croque la vie à pleines dents. Des amies, elle en a (disons au moins une) mais elle se froisse avec elle quand cette dernière annule leur projet de partir en voyage en Islande (quelle idée, aussi), des rencontres elle en fait (un batteur... qui se refuse de sortir avec la petite soeur de son pote ; un conducteur... qui tourne plusieurs fois dans son quartier lors de l'une des balades nocturnes de Nicole : elle accoste cette mystérieuse personne qui écoute à fond des chants de baleine - en fait, il cherche à endormir son gosse dans le siège-enfant), un frère, enfin, elle en a un mais ce dernier, joueur de guitouze, squatte la baraque uniquement pour se consacrer à sa zique. Bref, Nicole s'emmerde ferme et déambule en noctubambule.

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On peut aimer cette atmosphère gentiment planante, mystérieuse, qui fait qu'on s'attend à une quelconque surprise au moindre coin de rue, au moindre changement de séquence (mention pour le gamin qui a mué super tôt et qui est amoureux de Nicole : il est grand comme deux pommes et à la voix de Garou : fendard, indubitablement) comme on peut trouver l'ensemble un peu trop alangui (il ne se passe, au final, pas grand-chose de vraiment passionnant). A l'aide de ces petites vignettes qui tentent de traduire le vague-à-l'âme de Nicole le temps d'un été où tout part en sucette (elle perd son taff, se met tout le monde à dos, ne parvient pas à se concentrer sur la moindre activité), Lafleur construit un univers assez hypnotique (magnifique noir et blanc soit dit en passant) qui à force de chercher à nous "envouter" (un calme serein, paisible semble régner sur cette banlieue) tend à nous endormir. On aime les petites extravagances que la Nicole capte lors de ces errances ou lorsqu'elle laisse son regard se perdre dans la nuit (une femme en robe de chambre qui sort son aspirateur dans son jardin pour enlever les crottes de son chien, des lumières nocturnes qui ont l'allure de vaisseaux spaciaux...) mais cela peine au bout du compte à nous faire réellement réagir, à nous émouvoir, à nous toucher : un univers, où le désenchantement semble planer à chaque coin de rue, relativement bien rendu... mais qui à force d'user de tact, d'avancer à pas feutrés, devient un brin lénifiant pour ne pas dire soporifique. Un peu trop zen, le Lafleur, pour nous cueillir.

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