Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Shangols
REALISATEURS
GODARD Jean-Luc 1 2
 
 
 

 
 
 
 
 
 
 
 
 
18 septembre 2015

Too much Johnson (1938) d'Orson Welles

vlcsnap-2015-09-18-08h38m05s213

vlcsnap-2015-09-18-08h37m06s135

Faisons fi de l'histoire que Welles voulait nous conter (il s'agit pour l'essentiel d'une course-poursuite entre deux hommes en milieu urbain) pour nous concentrer sur l'effet produit par cette heure de "footage". Welles nous donne une version vintage des yamakazi avec nos deux héros (Joseph Cotten en tête) qui s'amusent à faire de multiples cabrioles sur les toits. Certains cadres sont très graphiques (les plans sur les escaliers en extérieur, sur des empilements de caisses ou sur les façades des maisons filmées en contre-plongée) et l'on peut également apprécier au passage les "expérimentations" wellesiennes sur la profondeur de champs : nos deux personnages n'ont de cesse de se croiser dans l'espace du cadre en 2 D ou en 3 D - gros plan sur le faciès de l'un des protagonistes pendant que l'autre s'agite dans le fond. Il y a parfois, montées bout à bout, plusieurs versions d'un même plan, et l'on sent le souci de Welles de jouer à fond sur le rythme de cette course-poursuite qui part dans tous les sens - le burlesque semble d’ailleurs la principale référence de la chose. Joli passage également que celui sur les chapeaux (l'homme à la poursuite de Cotten ne possède que la photo de son front et enlève systématiquement le chapeau de chaque individu qu'il croise) : filmé en plongée, cela permet d'obtenir quelques effets visuels intéressants.

vlcsnap-2015-09-18-08h39m11s121

vlcsnap-2015-09-18-08h39m24s13

Dans la dernière partie, nos deux héros sont rejoints par un troisième larron : plusieurs séquences de combats à l'épée se succèdent avec toujours le même soin à filmer le paysage sous tous les angles, à différentes distances - on sent là encore la volonté chez l'Orson d'obtenir une "belle image". Nos deux héros finissent par se retrouver dans une sorte d'étang dans lequel ils batifolent : Welles cherche une nouvelle fois à faire émerger le comique de la chose avec plus ou moins de réussite... Bref, notre cinéaste est en pleine phase d'expérimentation et c'est sûrement là l'intérêt principal de la vision de ces bobines restées longtemps dans l'ombre. Pour les afficionados du maître.

vlcsnap-2015-09-18-08h35m12s7

Commentaires
H
Sans vouloir jouer la mouche du coche, il ne me semble pas inutile de signaler aux lecteurs de ce site qui ne le sauraient pas qu'initialement la projection de cette petite fantaisie cinématographique était censée s'inscrire dans les représentations théâtrales d'un vaudeville du même titre, et que cette expérience d'insertion du cinéma dans le théâtre (qui je crois n'était pas inédite à l'époque — Eisenstein avait dû la tenter auparavant), tourna court du fait de multiples difficultés d'ordre matériel, légal et financier. Elle n'était donc pas censée être vue séparément, même si, sachant tout cela, on peut évidemment la regarder pour elle-même.<br /> <br /> <br /> <br /> On retrouve quelque chose de cet esprit de fantaisie divaguante (même si par ailleurs les deux films sont très différents) dans un autre court métrage d'un cinéaste en herbe : 'Woton's Wake', que Brian de Palma réalisa en 1962. Même si cela semble peu probable, De Palma eut-il l'occasion d'assister à une projection de 'Too Much Johnson', par exemple au MoMA, ou fut-ce le résultat d'une affinité de tempérament et d'une convergence de parcours entre le jeune cinéaste-cinéphile et son cinéaste de chevet ?
Répondre
Derniers commentaires