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Shangols
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GODARD Jean-Luc 1 2
 
 
 

 
 
 
 
 
 
 
 
 
6 septembre 2015

Le Bal de la Famille Anjo (Anjô-ke no butôkai) (1947) de Kôzaburô Yoshimura

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Il y a parfois quelque chose de miraculeux dans les films nippons, la présence de Setsuko Hara étant déjà miraculeuse en soi : A Ball at the Anjo House appartient à cette catégorie de films où tout semble parfait ; timing historique (la fin d'un monde, le début d'un autre : difficile d'ailleurs de ne pas penser à Printemps dans une petite Ville réalisé, dans un autre contexte (...), chez les voisins chinois, pratiquement à la même époque), mise en scène millimétrée et jeu d'acteurs aux ptits oignons, sens de la romance à pleurer avec marivaudage à tous les étages entre masters et servants, séquences mélodramatiques à perdre les deux bras, musique à faire chavirer le coeur d'une tong, fignolage hitchcockien des détails avec gros plans sur des objets signifiants... Bref, du nanan.

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La famille Anjo se retrouve, financièrement, au creux de la vague  - devant se séparer de la demeure familiale - et socialement au fond du trou - finie l'époque de la noblesse privilégiée : elle décide, comme un ultime feu d'artifices de sa gloire passée, d'organiser un dernier bal. Lors de cette soirée de tous les (dés)espoirs, de tous les excès, de toutes les remises en cause, les tourments du coeur et les affres pécuniaires vont à proprement parler mener le bal. Le pater familias, à l'agonie, est tout autant prêt à se mettre à genoux devant un filou du marché noir et à présenter, devant l'assemblée horrifiée, sa geisha attitrée, le fiston Anjo chelou (un faux air d'Ariel Wizman, le sourire guère plus franc) joue un rôle dangereux entre la petite servante qui l'adule (et qu'il aime) et la fifille du filou qui l'adule (et qu'il n'aime point : mais elle représente indéniablement un meilleur parti...), l'aînée Anjo refuse pour sa part les avances de leur ancien chauffeur richissime et enfin notre star Setsuko Hara fait le lien entre tout ce petit monde en tentant désespérément de trouver des solutions pour sortir la famiglia de cette crise. Pas simple.

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On l'a dit, on aime quasiment tout dans cette oeuvre où les coups de coeurs pour ne pas dire les battements sont aussi nombreux que les rebondissements dramatiques. Yoshimura sait toujours trouver le bon timing pour nous faire chavirer : un des personnages principaux fend la foule du bal et on a droit à un travelling-avant d'une fluidité absolue, le ton se fait plus dramatique et le frère d'attaquer une mélodie de circonstance au piano ou le petit pick-up de se mettre en marche avec le disque adéquat, la tension monte et des plans légèrement décadrés rendent tangibles ces instants de panique... Tout semble à la fois évident et magique. Yoshimura est aussi à l'aise pour tenter la métaphore coquine (le rond de fumée de cigarette qui s'avance du visage d'une jeune femme allongée sur le dos, offerte - on sent bien que le fumeur a envie de lui faire son affaire...) que la métaphore "sociale" (le gros plan sur le collier et les chaussures de l'ainée abandonnés sur la plage (signes extérieurs de sa richesse et de sa position sociale supérieure - signes qu'elle finit par abandonner) quand elle part à la recherche du chauffeur pour le "consoler"... On ne les reverra plus... L'amour finit toujours par triompher des différences sociales initiales ; les Anjo, dans ce Japon d'après-guerre, ont, certes, beaucoup perdu de leur prestige mais cette chute en quelque sorte les libère et leur permet d'exprimer enfin au grand jour leurs sentiments.

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Il y a deux instants particulièrement dramatiques qui flirtent avec le tragique : celui où le père brandit une arme pour descendre ce "filou" qui ne veut rien entendre (sublime utilisation de la profondeur de champs avec le visage de Setsuko qui rentre dans le cadre et dont le regard semble intimer à son père de ne pas commettre l'irréversible) ou encore celui-ci se ressaisit du flingue pour se suicider (l'intervention de Setsuko est digne d'une course de joueuse de base-ball professionnelle, prête à mourir pour "intercepter la balle" - j'ai pas mieux comme image). Il y a dans ce film une multitude de séquences romantico-dramatiques (la servante s'asseyant soudainement sur le clavier du piano alors que le fils, l'ignorant, joue un air, le fils qui prend dans ses bras la jeune héritière, Setsuko dansant avec son père (un dernier petit air de valse pour définitivement clore toute la légèreté d'une époque révolue), le chauffeur en larme faisant devant toute l'assemblée une déclaration d'amour déchirante et amère) et l'on aurait presque envie de vous mettre tout le film en photogrammes pour vous donner envie de découvrir cette petite merveille. Un must du cinéma nippon des forties.

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 Sommaire nippon,

Commentaires
B
M'a l'air à tomber de son relax celui-là , j'aime bien le fumet . Alors c'est parti .<br /> <br /> PS : En attendant , je ne saurais que trop vous conseiller " Une auberge à Osaka " de Heinosuke Gosho ( un grand oublié parmi les grands responsable d'une petite centaine de films dont le premier parlant japonais apparemment et contemporain des Ozu , Naruse , Shimizu .... ) , petite merveille raffinée et sensible que j'ai vu il y a peu . Jamais peur d'une overdose de Shômingeki , hein ? C'est pas moi qui irai vous blâmer sur ce coup-là .
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M
Wwoohhh...<br /> <br /> M'a l'air aux petits oignons grelots, en effet. <br /> <br /> J'y cours.
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