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15 septembre 2015

Le Paradis (2014) d'Alain Cavalier

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Petite œuvre précieuse que ce dernier opus d’Alain Cavalier : une véritable leçon de mise en scène pour tout apprenti cinéaste ayant à portée de main des clous, une oie mécanique, un robot, des feuilles de papier, du bois sec ou une papaye… Cavalier, d’une voix off feutrée, conte des histoires bibliques ou retrace des épisodes de l’épopée d’Ulysse sur un ton un brin familier pour ne pas dire cavalier. Des histoires simples qui évoquent la conception humaniste et terre-à-terre du gars Jésus ou de l’ami Ulysse… En plus de ces historiettes qui laissent souvent songeurs (qu’il s’agisse de réfléchir aux actions de dieux humains ou d’humains divins), des jeunes gens livrent des « anecdotes essentielles » qui les ont touchées, façonnées (leur premier souvenir, l’expérience de la mort…).

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Le mot « Paradis » du titre trouve des échos tout au long de ces courtes séquences qu’il s’agisse de monde idéal ou de paradis perdu. Il est bien sûr également question de mort (paradis promis…) avec la mort de ce petit paon (pan !) et de ce tombeau en pleine nature que l’on retrouve en fil rouge de ces micro-tranches de vie. Une œuvre précieuse disais-je, apaisée et apaisante, qui fait de Cavalier un maître filmeur des petites choses de la vie ; le coquin Alain se permet même sur la fin un petit clip jazzy chaud comme la braise mettant en scène notre fameuse oie mécanique et ce petit robot rouge. Rihanna peut aller se rhabiller – deux fois même, ne prenons pas de risque. Minimaliste dans son concept, humaniste par son approche, une œuvre cavalièriste pleine de douce sagesse.   (Shang - 23/08/15)

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Dieu sait que j'aime beaucoup le style minimaliste de Cavalier, et que j'ai été le premier à défendre icelles sur ce blog. Mais je dois avouer qu'avec Le Paradis, il me semble que le compère a versé la goutte d'eau qui fait légèrement déborder le vase. Pris à son propre piège, dans sa litanie désormais connue par coeur (c'est le troisième ou quatrième film sur ce mode), Cavalier tombe dans la caricature un peu génante de lui-même. Il suffit d'écouter sa voix qui part dans les aigus pour la moindre caillasse de son jardin pour se demander si le gars n'est pas désormais atteint d'un léger gâtisme dans sa vision des choses. Naïve jusqu'à la sensiblerie, son ode à l'oiseau mort, gardé par un dérisoire mausolée en pierre et clous rouillés, a des airs de puérilité pure, et Cavalier a une tendance à s'extasier sur tout et sur rien avec un brin d'insincérité à mon avis. Bref, le film agace souvent, y compris dans ces cadres au taquet qu'on est censés trouver tous sublimes parce que c'est de l'épure japonaise. Or, ces plans sont souvent bien faciles, notamment tous ceux sur les visages, éclairés académiquement, un peu ringards. Peut-être que le gars, après tout ne sait plus filmer des gens, et ne sait plus que filmer la nature. De ce côté-là, c'est vrai qu'il y a encore quelques très beaux plans dans le film, des choses prises sur le vif, et justement belles parce que pas calculées pour "faire Cavalier". Dans ses cadres façon nature morte, où il dispose queqlues fruits, un jouet pour enfant, quelques objets, on sent l'oeil du cinéaste, certes, mais on sent aussi un savoir-faire qui ne fait plus trop d'effort. Et on doute un peu de la viabilité de placer un passage de l'Odyssée ou de la Bible sur ces plans un peu trop artificiels pour être forts, un peu trop naïf pour ne pas être légèrement gnangnan. J'ajoute qu'on s'ennuie pas mal devant ce formalisme faussement modeste : Le Paradis est le film de trop, il faut savoir, même à l'âge de Cavalier, faire autre chose que sans cesse la même film, sinon ça finit par se voir.   (Gols - 15/09/15)

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Commentaires
H
Tout ce que dit Gols à propos de ce 'Paradis" m'insupportait déjà dans les 'Portraits' de Cavalier, il y a vingt-cinq ans, alors même qu'il commençait à être de rigueur de systématiquement s'extasier devant cette conception du cinéma à mes yeux étriquée, nombriliste, ostensiblement « povera », faussement généreuse et philosophiquement creuse. Loin de me rendre serein, ses opus successifs m'asphyxient.
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