LIVRE : Erotik Mental Food de Natyot - 2008

En général la poésie érotique est écrite soit par des jeunes filles parlant de boutons de rose pour dire clitoris (genre Laure Cambau), ou par des vieux douteux qui font dans le pipi-caca (genre La Mécanique des Femmes de Calaferte, sauf le respect). C'est pourquoi l'arrivée d'une voix comme celle de Natyot constitue une nouvelle réjouissante pour nos organes en demande, qu'ils soient cérébraux ou plus turgescents. Parce que la belle aborde sainement et frontalement le genre, se posant dès les premières pièces en inventrice d'un nouveau genre, qui allie les sens intellectuels et sexuels, qui considère que le cerveau est un organe érogène encore plus que ceux plus connus. La sensualité qui se dégage des poèmes de Natyot n'est pas seulement due aux actes décrits, mais plutôt à un érotisme de la langue, une passion pour les mots qui est encore plus bandante que ce qu'ils décrivent. Pas de perversion là-dedans, mais aucune trace non plus de cette hypocrisie qui cache de la pudibonderie : Natyot écrit franc, ne cache pas son goût pour les actes les plus divers, mais elle célèbre avant tout les sens, tous les sens. La dame aime les odeurs, les textures, les goûts, et sait en rendre la saveur en puisant dans un vocabulaire riche, évocateur ou carrément frontal. Surtout, elle évoque les actes sexuels par la  musicalité de ses vers, répétitifs, saccadés, qui peuvent évoquer un Pennequin en grande forme. Il y a dans chacun de ces petits textes une fulgurance, une franchise et un rythme qui n'appartiennent qu'à lui, mais en même temps tous constituent une sorte d'autoportrait en amoureuse des mots et des corps, les uns constituant la complémentarité de l'usage des autres, si je puis m'exprimer ainsi. Un vrai livre érotique, quoi, qui sait que dire les choses est presque plus excitant que de les faire. Natyot a trouvé la sexualité des mots, c'est une vraie réussite. Excitant, bien balancé et intelligent : bonheur.