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29 mai 2015

Le Pont (Die Brücke) (1959) de Bernhard Wicki

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Le Pont serait l'un des tout premiers films allemands portant un œil plus que critique sur la guerre des teutons. Rien de mieux pour ce faire que de suivre une demi-douzaine de gamins de 16 ans dans les derniers temps de la guerre. Ils sont, les bougres, comme tous les gamins de 16 ans sur la terre : ils commencent à regarder les filles avec des yeux tout ronds mais ont bien du mal à faire le premier pas (il y a le timide qui dessine, le maladroit qui, lorsque la fille se tient prête à réaliser tous ses vœux, demande à icelle de lui donner... sa montre (l'Allemand est matérialiste...), la tête-brulée qui rejoint une nazillonnette dans les douches), ils ont des envies de fugue quand leurs parents déconnent, ils aiment leur môman, ils se prennent pour des ours nationalistes avec leurs trois poils aux fesses - ou sous le pif. Bref, des jeunes un peu couillons, plein d'espoir et d'idéaux creux, des jeunes, quoi... Toute la première partie du film suit leur vie au quotidien (ce petit bourg ne semble jusqu'alors guère touché par la guerre) : une bande d'ados normaux qui se chamaillent, se charrient, se défient et déconnent. Dans la seconde partie, on les retrouve dans les rangs de l’armée ; ils n'ont guère de temps pour savourer leur joie d'être enfin intégrés à l'armée allemande - dès les premiers exercices, ils ont tendance à trouver l’atmosphère un peu limite... Plutôt que de les envoyer au front (où tout le monde sait qu’ils finiront en charpie), un chef leur demande d’être en charge du pont qui se trouve à l'entrée même de leur ville. Alors qu'ils devaient ainsi rester à l'abri des affrontements, ils vont se retrouver en première ligne : le dépucelage militaire va rapidement virer au carnage...

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Wicki réussit aussi bien à nous plonger dans le quotidien de ces djeun's vintage - on fait un par un leur connaissance - qu'à décrire cette soudaine plongée dans l'horreur. Ces jeunes, soudés, aussi bien par amitié que par patriotisme, vont se retrouver dans la situation la plus ridicule, la plus absurde qui soit : garder un pont que les Allemands eux-mêmes sont prêts à sacrifier pour protéger la ville - l'avancement des forces alliées se faisant inéluctable. Seulement nos jeunes, à peine sortis du moule, vont se prendre rapidement au petit jeu de cette guerre qui les dépasse. Seuls contre tous - leurs aînés ne se posent pas de question : courage fuyons -, ils vont défendre bec et ongle ce point stratégique. Un acte qui serait héroïque s'il n'était pas con comme la pluie.

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Nos enfants teutons jouent aux grands et remportent d'ailleurs certains succès. Le seul petit problème c'est ce petit trou qui, ici ou là, va perforer leur casque et les faire crever les yeux ouverts sans avoir eu le temps dire "ouf" ou "schnouf" en v.o. La petite bande de potes se délite, se réduit stupidement alors qu'elle est prise dans le feu de l'action. L'engrenage est horrifique car il est impossible de faire machine arrière : les petites conneries qu'ils pouvaient faire par le passé étaient toujours "rattrapables". Là, la mort frappe calmement, fatalement sur ce pont du dernier soupir. Wicki, s'il montre parfois le petit rire douteux de ces jeunots tout contents d'avoir atteint une cible, s'attarde surtout sur les grimaces et les cris de peur de ces jeunots bêtement sacrifiés. La violence entraîne la violence (les Allemands qui tentent de les raisonner en auront pour leur "grade") et la défense de ce pont (fait historique mais totalement oublié comme se plaît à le rappeler une petite note sur le générique de fin) deviendra le symbole de cet héroïsme de l'absurde... Excellent film de guerre des teutons (si jamais la (lourde) finesse vous avait échappé en intro).

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