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28 avril 2015

Léviathan (Leviafan) (2014) d'Andrei Zvyagintsev

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Corruption, abus de pouvoir, violence, injustice… C’est la fête du slip en Russie et s’il ne faisait pas aussi froid, on se croirait presque aux Comores (d’ailleurs, il y a dans les deux endroits des baleines, ces curieux Léviathan… ).  Zvyagintsev capte avec toujours le même sens artistique et le sens de la précision, de la justesse,  la beauté des paysages et les sautes d’humeur de son héros qui se casse les dents sur tout ce qu’il mâche. Au départ, il y a ce procès contre le Maire de la ville, un Maire pourri jusqu’à la moelle épinière qui veut récupérer les terres et la maison ancestrale de notre héros. Ce dernier bénéficie de l’aide de son jeune frère, avocat à Moscou. L’avocat pense tenir le Maire par les coucougnettes : il a, grâce à ses relations avec un dignitaire haut-placé, un dossier explosif sur le Maire. De quoi faire pression, forcément, et le Maire, au moins dans un premier temps, de trembler.  L’avocat entretient également une liaison dangereuse avec la femme de son frère ; cette femme, doit subir les colères enivrées de son mari, ses accès de violence et, cerise sur le gâteau, se coltine un des boulots les plus passionnants de la terre dans cette province reculée : nettoyer des poissons. Elle est, semble-t-il, au bout du rouleau... Cet imbroglio, judiciaire et sentimental, peut-il magiquement se  résoudre, comme dans un joli conte de fée russe ? Et la Russie est un des endroits les plus libres du monde, comme dirait Depardieu, et les Pussy Riot, de sales gamines exhibitionnistes… Bien sûr.

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Ce qui fascine dans ce nouvel opus de Zvyagintsev , c’est la douceur de ces images légèrement bleutées, la simple mélancolie qui se dégage des quelques notes de la B.O. , cette possibilité d’un îlot de tranquillité en quelque sorte, et cette réalité dure, froide, assassine. Le héros va vivre une plongée en enfer qui dépasse tous les cauchemars possibles et imaginables. Des hommes de pouvoir capables de vous fracasser en un clin d’œil, une justice implacable qui rend ses sentences à la vitesse d’une mitraillette : une pluie fatale de malheurs s’abat sur notre homme, faisant déborder la coupe. A quelle bouée s’accrochait, ma bonne Dame ? L’amour ? Il est souvent triste, pour ne pas dire fuyant. La religion ? Paroles eh paroles eh paroles, comme chantait l’autre : plus personne ne peut croire en ces mots d’apaisement qui ne s’adressent qu’aux hauts dignitaires en mal de rachat ; que la parole du très haut viennent bercer confortablement leurs exactions impunies, l’essentiel étant de faire bonne figure dans la foule des croyants. Que reste-t-il ? La vodka ? Ah la vodka, dernier rempart à tous les maux russes. Notre personnage principal s’y noie, tentant d’oublier cet enchainement infernal de problèmes…  Mais dans cette société russe, même lorsque l’on est au fond du trou, cuvant tranquillement son alcool, il se trouve encore des personnes capables d’aller vous chercher, pour vous faire chuter encore plus bas. Amen.

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La petite mécanique du malheur se referme implacablement sur notre héros et l’on se retrouve à pleurer avec lui des larmes de vodka devant une telle fatalité destructrice : aucune échappatoire possible dans cette société darwinienne, hobbesienne : selon que vous soyez puissant… écrivez l’autre. Les cercles de l’enfer sont résolument infinis dans cette Russie magistralement filmée par Zvyagintsev. Comme le jeu des acteurs est tout aussi éblouissant (les acteurs russes sont les seuls à être justes quand il s’agit de jouer les hommes bourrés), difficile de passer à côté de ce majestueux et puissant Léviathan.

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Best of 2014

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