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2 avril 2015

Lumière d'Eté (1943) de Jean Grémillon

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Lumière romantique de journées d’été ? On connaît déjà l’équation : A aime B qui aime C qui aime D qui picole… Rajouter à cela un jeune premier rêveur, X, qui aime C et vous obtiendrez cette œuvre un brin statique de Grémillon (visa numéro 1, ce qui marque indéniablement des points - ceux qui classent les Folio dans l’ordre de leur parution me comprendront). A c’est Cricri (Madeleine Renaud), une hôtelière qui a décidé de s’installer dans ce coin perdu de la France (Au Nord c’était les corons, au Sud c’était les cailloux) pour les beaux yeux du petit seigneur du château local, l’imbuvable Paul Bernard. On comprend vite que ce dernier a tué la châtelaine d’un coup de fusil, un vulgaire assassinat qu’il a réussi à faire passer (avec la complicité enamourée de Cricri) pour un accident - bref, le salaud de l’histoire. Dès que la sémillante Madeleine Robinson as Michèle débarque dans cet hôtel, le petit seigneur n’a d’yeux que pour elle. Michèle, elle, aime un artiste raté (Pierre Brasseur dont la composition terriblement forcée est un peu au niveau de son rôle…) qui noie son manque de succès dans l’alcool. Tout cela serait un peu tristounet et glauque sans l’existence de ce jeune X, Georges Marchal, qui va, une nuit, débarquer par hasard dans la chambre de Madeleine Robinson. Elle croît que c’est son Pierre, elle se pend à son cou, l’embrasse et le petit jeune de lui dire arrêtez arrêtez mam’zelle il y a erreur. Elle porte ses mains au visage, il est blanc comme un cierge, on voit bien que ces deux-là sont tout contrit mais qu’ils sont faits l’un pour l’autre; une belle et fraîche idylle peut-elle naître au milieu de ces sombres histoires amoureuses à sens unique ? On peut se poser la question même si on devine déjà la réponse.

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On aime bien Grémillon. Si on l’aime bien. On aime aussi beaucoup Madeleine Robinson , vrai petit rayon de soleil dans ce paysage âpre et désertique. Elle est d’ailleurs au centre de quelques jolis moments : il y a ainsi cette troublante rencontre avec cet inconnu qui pénètre par erreur dans sa chambre ; les tarots ont annoncé un voyageur, notre homme s’avance à tâtons dans cette chambre et frôle le vase de tournesols (fleurs qu’adule la Madeleine à la recherche de la lumière), on sent que le destin est en route, qu’il n’y aura qu’une seule voie salvatrice pour notre jeune femme. Ils se retrouveront fréquemment, nos deux petits jeunes, dans une conduite de chantier torsadée (vertige… de l’amour) ou tranquillement au bord d’une fontaine lors d’un bal masqué d’un autre âge ; « personne ne possède personne » dit notre petit jeune à la belle Madeleine : il va ramer pour la conquérir, pour la convaincre qu’il l’aime et qu’elle aussi (rah, les femmes…) et il y a toutes les chances - devine-t-on au milieu du film - pour qu’ils se tiennent la main sur l’image finale.

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On est bien dans le vintage romantico-tragique (des hommes tomberont…), on a des dialogues qui se veulent soignés, des menaces qui planent (cette manie du châtelain de jouer avec les armes, ces mines qui explosent sur ce gigantesque chantier, ce ballet de téléphériques dans le ciel qui ne tiennent qu’à un fil, ces petites routes serpentées qui sentent l’accident…) et un final en « apothéose » (la tourmente du bal, l’accident de bagnole, le câble qui pète). Mais malgré tout, on sent que la chose demeure… comme figée. Ces personnages d’un bloc (la jalousie de l’une, l’autodestruction de l’un, la soif de domination d’un autre…), ces champs/contre-champs avec des personnages qui restent plantés, ces « rebondissements » que l’on voit venir de loin… tout cela a bien du mal à vraiment nous captiver. Alors que le début réussissait à donner à l’atmosphère un parfum de mystère  (cette arrivée de Madeleine, qui semble tombée du ciel, dans l’hôtel des «Anges gardiens», cette fameuse rencontre dans la pénombre…), la suite demeure malheureusement terriblement prévisible et mollassonne. Qu’il s’agisse de ce pauvre Pierre Brasseur qui dramatise à l’excès ou de cette scène de bal qui malgré les milliards de confettis tombant du ciel peine à trouver le rythme, on a bien du mal à être soi-même enivré ou à rentrer dans la ronde. On a l’impression que Grémillon filme tout cela un peu trop de loin en demandant à ces acteurs de ne pas bouger d’un poil pour rester parfaitement dans le cadre ou sous le spot. Un Grémillon un peu empesé…

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Commentaires
G
Préparez vos mouchoirs.
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S
C'est dans quel film déjà qu'il y a un personnage qui classe ses folios par ordre de parution ? C'est pas chez Bertrand Blier ?
Répondre
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