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13 février 2015

Les Règles du Jeu (2015) de Claudine Bories et Patrice Chagnard

Pourquoi les jeunes chtis ne trouvent pas de travail dans le Nord ? Et si la réponse était tout bonnement parce qu'ils sont cons comme un piercing... Attention, je me fais volontairement provocateur, il n'y a pas que ça, oh que non. Mais avouons que les ptits jeunes suivis par la caméra scrutatrice de Bories et Chagnard sont quand même loin d'avoir inventé le champagne.

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Nos jeunes gens cherchent du taff et passent (en échange de 300 euros par mois) par une boîte privée mandatée par l'Etat. La première chose qui surprend - alors qu'on est tout de même dans des situations de détresse -, c'est qu'on se marre... un peu comme des veaux. Qu'il s'agisse de ce jeune cadre barbu - un gars qui n'en veut - accueillant ces jeunes chômeurs perdus avec un air et un ton obséquieux ("Des questions ? Non, bon je continue..." - il s'adresserait à un bocal de poissons rouges qu'il enchainerait le même discours rayé) ou de cette magnifique jeune fille justement prénommée Lolita par ses parents voyants (145 kilos sur la balance, au moins 30 dans chaque joue) qui avoue avoir été par le passé un ptit peu violente dans ses réactions (qui n'a pas planté un compas dans l'oeil de son camarade au collège ? On est d'accord), il faut reconnaître qu'il y a du grain à moudre dans ces portraits recruteurs-recrutés. Si ceux-là doivent sûrement un poil se surveiller sous l'oeil de la caméra (ne soyons pas trop dupe... cela n'empêche pas une sympathique connasse d’avouer qu’elle juge toute personne à ses chaussures - du coup, j'ai pas osé mettre mes baskets lors de mon entretien de ce matin, c'est malin...), ceux-ci sont d'un naturel ébouriffant dans leur candeur et leur "prétention" (« ouais ben moi, je m'assois quand je veux, pas besoin que l'employeur me donne sa permission, il est po au-dessus de moi » - 68 a fait du mal, même dans le Nord...).

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Ces chtis-là n'en veulent un chtit peu mais baissent souvent les bras avant même de commencer - cette chère Lolita appelant des entreprises pour savoir s'il y a un poste : le type a pas dit non qu'elle a déjà raccroché et dit au revoir (dans cette ordre)). Il y a ceux qui auraient bien fait une carrière dans le foot (maitrisant sans doute mieux le ballon que la langue de Maxime Bossis) mais ça n'a malheureusement pas été possible (beaucoup d’idiots, peu d’élus), ceux qui oublient de se réveiller fréquemment et ça la fout mal, ceux qui sont motivés mais alors pas trop longtemps... Dur. Mais attention, tentons aussi de prendre la défense de nos ptits gars : 1) du taff, il n'y en a pas tant que ça 2) quand ils bossent, nos jeunes (en CDD ou en stage), ils se font bien souvent salement exploiter (bye bye le paiement des heures sup) 3) les entreprises, elles t'appellent... uniquement en période de rush avant de te jeter à la première occase. Rien de bien nouveau là-dedans ? Certes. C'est la grosse limite du doc : il reste gentiment illustratif mais ne cherche en rien à aller plus loin - que deviennent ces gamins (au moins ceux du reportage), quel est le pourcentage de réussite de cette boîte de placement, pourquoi le gouvernement a fait appel à elle, puis a arrêté ?... Autant de points qui restent en suspens et qui laissent un peu sur sa faim. Lolita (pardon Nabokov) marque quand même un paquet de points par ces moues et ses remous (quand elle se saisit de son crayon à plein main devant l'employée qui la « secoue » un peu, on craint le pire...) A voir juste avant de passer un entretien pour se persuader de sa plus-value...   

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Commentaires
F
Ah là là, à lire cette chronique je devine que c'était donc vrai... Shang, le réel Shang, était à Pézenas il y a peu de temps. Pas pu venir vous dire bonjour, pour diverses raisons... Zut et rezut, c'était l'occasion de voir de visu qui se tient au bout de cette plume si drôle et pertinente. Occasion ratée, occasion remise. Continuez à me faire rire (et réfléchir aussi). Bien à vous.
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