Rio Lobo (1970) de Howard Hawks
Bien sûr qu’on l’aime, notre Hawks, et qu’on ne va pas lui tirer dans le dos à l’occasion de sa dernière œuvre… N’empêche, comme il est dit du gars John Wayne qui flageole déjà un peu sur ses cannes, on est dans un western « confortable » : de la mignonne pépète (personnellement c’est surtout ce que j’en retiendrai), de l’attaque de train originale (tu connais le coup de la guêpe ?) et du John Wayne tout en roublardise à qui on ne la fait pas (il doit tirer quand même deux coups de feu soit deux ampoules au pouce droit). Le pitch vaut bien celui d’un petit vin de table (des méchants - dont le shérif - font régner la terreur dans un ptit coin du Texas : heureusement John Wayne débarque pour sauver l’honneur d’une jeune femme, épauler un vieillard (Jack Elam en total free-lance depuis que l’un de ses yeux s’est définitivement fait la malle) et libérer un prisonnier (un franco-mexicain qui ressemble étrangement à Jean-Michel Larqué)). Tout cela en mode un peu pépère.
Il y a des films dont on sort transcendé (je louche du côté du sublime Rio Bravo réalisé peu de temps avant) et d’autres dont on sort avec une simple petite moue de sympathie aux lèvres : Ok John Wayne n’est plus ce jeune cow-boy fringant qui tombe de la blonde comme tombe la neige chez Adamo (il est perçu dorénavant comme un type « chaleureux » : autrement dit capable d’apporter de la chaleur humaine à une femme lors de nuit particulièrement frisquette et ce sans mettre en péril la vertu de la dame), Ok Hawkes n’a plus rien à prouver au niveau du rythme et des dialogues qui fusent (on est quand même parfois dans le redondant, dans l’inutile, dans l’évident : un couple est caché sous un lit pendant que des malfrats pénètrent dans la chambre à leur recherche ; les malfrats finissent par sortir et notre couple qui les observait depuis leur cachette de demander à une de leurs amies restée dans la chambre : ils sont sortis ? Ben non, tu vois bien qu’ils ont ouverts la porte juste pour vérifier que les gonds étaient bien huilés…), OK on est dans les années 70 et l’image devient automatiquement terne (pas jolies, entre autres, ces nuits américaines… trop sombres…) mais tout de même, on aurait pu s’attendre à un peu plus de peps et de morceaux de bravoure dans ce dernier opus du maître. Dans l’état, c’est plan-plan : la chtite Jennifer O'Neill tente certes de sortir son épingle et sa jolie frimousse du jeu (elle met la main à la pâte pour défier les malfrats… puis est curieusement mise de côté - oui, bon, que les femmes restent au foyer et la vaisselle sera bien lavée), l’affriolante Sherry Lansing essaie également de nous déstabiliser (et y parvient) lors d’une séquence topless osée mais on reste dans l’ensemble déçu par ce western mené à un rythme tranquillou. Rien de déshonorant mais rien d’un départ aux allures de feu d’artifices cinématographique.
Howard, ô désespoir, ici
Welcome to New West