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5 décembre 2014

Anvil (The Story of Anvil) de Sacha Gervasi - 2008

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Grandeur et misère des groupes de rock bourrins... Si vous ne connaissez pas Anvil, groupe de heavy metal canadien des années 80, c'est que vous débarquez de Mars. La preuve : tous les metalleux vantent l'avant-gardisme d'Anvil dans la première séquence de ce film, de Bon Jovi au gars de Metallica, et on se dit qu'on va se taper un film sur une légende de la musique à poignées de force et à cheveux gras. Mais en fait, si vous ne connaissez pas Anvil, c'est normal : les gars n'ont connu qu'une gloire plus qu'éphémère, ramassée en quelque sorte sur un seul concert, qu'on voit au début du film. Après, ben nada, ils sont retournés à l'anonymat, aux plans pourris et aux petits boulots. On retrouve aujourd'hui nos compères, toujours aussi chevelus, la cinquantaine passée, pratiquant de sordides jobs alimentaires au fin fond de leur province canadienne, et c'est assez pathétique.

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Comme seront pathétiques les aventures présentes de nos musicos, lors d'une tournée "mondiale" rocambolesque, se terminant la plupart du temps dans de sordides caves roumaines sans public, par des engueulades ou des larmes. Le groupe égrenne avec nostalgie la quinzaine d'albums qu'ils ont enregistrés, déplorant à chaque fois le peu de succès obtenu, pendant que leurs épouses, qu'on sent à deux doigts de craquer, sous-entendent qu'il serait peut-être plus heureux de ramener du fric à la maison plutôt qu'un nouveau disque à tête de mort à la con. Ambiances tendue entre hilarité et sordide, Gervasi dosant avec finesse les parties humoristiques (en général dûes au ringardisme total de ces gros nounours innoffensifs) et les parties plus émouvantes. Certes, la mise en scène est américanissime, on sent que certaines scènes sont rejouées après répétition, le montage est rapide et assez facile, mais on parvient parfois à une vraie justesse de ton, qui rappelle à la fois Spinal Tap (avec même un plan furtif sur un potard monté au cran 11, pour les connaisseurs) et un docu en immersion à l'anglaise.

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Pourtant, Anvil n'est pas un film moqueur ou supérieur de plus sur la cible facile que constitue la musique hard-rock. Parce que les gars, même avec leurs kilos en plus, même au sein des plans les plus nazes qui soient, ont gardé une foi en eux et en la musique qui fait plaisir à voir. Et peu à peu, le film se transforme en portrait assez admiratif de ces vieux ados toujours prêts à s'enthousiasmer dès qu'une éclaircie peut se profiler dans leur univers terne, dès que la musique envoie un peu. Une absence de renoncement, un courage, finalement, qui les tient debout. C'est très beau, par exemple, de les voir quasiment pleurer en évoquant leur amitié indéfectible (malgré les coups de gueule), leur passé de "star", les grands moments passés à côtoyer les grandes vedettes du genre (qu'ils pistent minablement aujourd'hui à la sortie des concerts pour gagner un peu de leur aura). Anvil est un film sur la fidélité, à ses potes, à soi-même, à la voie qu'on s'est choisie, à ses rêves de gosse ; un film désanchanté, puisque le seul résultat qu'on voit à l'écran, c'est que ces rêves viennent se briser contre les obstacles (producteurs douteux, manageuse plus qu'amateure, musique pourrie, concerts sous-payés, tournée chaotique, etc.), mais un film qui garde quand même beaucoup de sa confiance en la beauté des choses. C'est surtout un film sur l'amitié, qui mine de rien, sous ses dehors de grosse farce, fait chaud au coeur.

Commentaires
M
Et puis quand même, cette arrivée bouleversante du groupe sur scène au festival à Tokyo à la fin du film.
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