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Shangols
REALISATEURS
GODARD Jean-Luc 1 2
 
 
 

 
 
 
 
 
 
 
 
 
2 novembre 2014

Aelita (1924) de Yakov Protazanov

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Ce bon Yakov était absent de notre colonne de gauche, le mal est réparé. Il est toujours bon de se repencher sur un petit film muet surtout lorsqu'on a fêté à notre façon, la veille, avec un peu trop d'enjouement le départ de la route du rhum - tous les prétextes sont bons, certes, mal là c'était déconner. Bref, que dire de ce film russe qui mêle réalisme et S.F. avec une certaine originalité (d'un côté, on voit bien que cette bonne vieille révolution a encore du chemin à faire sur la route du progrès (les problèmes d'approvisionnement et de logement sont clairement évoqués) ; de l'autre, on a du mal à ne pas se retenir de rire quand le héros proclame une "union des Républiques Socialistes de Mars"). Protazanov parvient à la fois à nous montrer cette société russe des années 20 sans trop se voiler la face sur les problèmes restant à gérer et à nous faire "rêver" (dans la forme) avec ce monde sur Mars super-designé - sur le fond, il s’agit bien entendu d’ une société salement capitaliste à la Metropolis avec "les aînés" qui dominent en surface dans leur vêtement en plexiglas et les ouvriers, les soutiers qui bossent sous terre dans leurs vêtements en forme de "boulon" - pas très seyants ni pratiques, nan. Les costumes (surtout les chapeaux des femmes) sont assez remarquables, les décors faisant pour leur part dans un certain minimalisme à la russe (tu tends trois cordes, tu mets un triangle, te voilà sur Mars). On sent tout de même que le gars Yakov avait, sur cette production, des moyens et il y a d'ailleurs sur la fin une débauche de figurants assez impressionnante même si l'on a bien du mal à deviner dans cette confrontation finale un semblant de mise en scène - une véritable mêlée ouverte.

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Outre ce côtoiement assez audacieux de ces deux mondes (l'un pauvre mais libre et plein d'espoir, l'autre plus chiadé mais affreusement déséquilibré socialement - bonne idée tout de même que de mettre une partie des travailleurs au frigo : voilà un bon moyen de lutter contre le chômage), on assiste à une terrible histoire d'amour entre un chercheur - l'ingénieur Los - et une certaine Natacha : suite à une série de quiproquo, le pauvre ingénieur devient terriblement jaloux et même si mentalement il parvient à s'échapper dans "son monde" (et à vivre une histoire d'amour avec la reine de Mars, Aelita), notre type sombre dans la folie : crise de nerfs (le regard de l'acteur russe, homme et femme, effrayé, c'est un must du muet), coup de sang, coup de feu... Los lost his mind et semble tragiquement passer à côté de l'amour de sa vie - il faut garder la foi (socialiste, se prend-on à murmurer tout bas) même en période de doutes. Il y a d'autres personnages qui valent le détour : l'opportuniste Ehrlich (ainsi que sa femme - ils devraient bien s'entendre avec les époux Balkany - je dis ça, je dis rien) et un inspecteur fouineur qui lance un regard caméra à la Prévost relativement rigolo. On ne dira pas que Protazanov nous met littéralement en orbite (la propagande est grossière, of course, mais c'est surtout ce décor sur Mars qui manque un peu de panache - et n'est pas Fritz Lang qui veut au niveau de la composition des plans...) mais cette oeuvre vaut tout de même le détour par ce "réalisme" (toute proportion gardée) de cette société russe encore toute fière de sa faucille et de son marteau.  

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