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14 septembre 2014

Cheyenne (1947) de Raoul Walsh

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Une femme entre deux hommes, un homme entre deux femmes, du pur Walsh, un western cent-pour-cent divertissement, diablement bien écrit (certaines répliques ont fait ma joie pour la journée) et porté par la musique d'un Max Steiner pleine bourre. Dennis Morgan (genre de John Wayne aux traits beaucoup plus mous), joueur de poker rapide de la gâchette, se voit obliger par des représentants de la loi (il a un passé...) d'aller débusquer un mystérieux bandit qui multiplie les hold-up, Bruce Bennet dit The Poet. Pour pimenter la chose, il y a bien sûr des donzelles, la classieuse Jane Wyman, mariée au poète mais loin d'être tout à fait insensible au charme de Morgan, et la "fille de joie", Janis Paige (toute en jambe et en big brown eyes pétillants) qui aime à s'offrir au plus offrant (Morgan ou Bennet, ce sera la surprise du chef...). Wyman finaude mais n'est pas à l'abri de tomber dans ses propres pièges, Morgan et Bennet jouent au petit jeu du chat et de la souris sans que l'on sache lequel mettra la main le cheese, quant à la chtite Janis Paige dans laquelle on croit pouvoir lire à livre ouvert (chacun de ses sourires est une invite...), c'est peut-être celle qui parvient le mieux à cacher son jeu (ce n'est pas pour rien qu'elle garde à porter de la main un mini-revolver, ohoh). De l'attaque de diligence à foison (et Walsh est peut-être borgne mais loin d'être un bras cassé pour filmer la rapidité et la fougue de la chose : sans qu'il ait besoin de mettre les chevaux en accéléré, lui), du flirt par seau, des règlements de compte qui charclent, ce petit Walsh est beaucoup plus grand qu'il en a l'air.

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Je me suis absolument délecté de la chose (je ressors certains vieux adjectifs du placard), charmé aussi bien par les reparties rigolotte de Wyman que par les constants rebondissements du scénar toujours intelligemment amenés. On se demande constamment quel est le personnage qui joue le plus "double-jeu" et comme c'est Walsh aux commandes, on se régale de toutes ces petites situations méchamment tendancieuses. Dès le départ, Morgan et Wyman sont amenés à la jouer "mari et femme" pour tromper les suspicions d'une bande de malfrats (emmenés par Arthur Kennedy) qui veulent s'associer avec le fameux Poet : bisous pour la galerie, petite scène de la vie conjugale forcée (le moment délicieux... et redoutablement érotique où Morgan titille Wyman avec... ses chaussettes - du jamais vu), c'est en soi de la pure comédie en milieu violent ; on sait parfaitement depuis le départ que les deux sont faits l'un pour l'autre (la scène de ménage, alors qu'ils ne se connaissent encore point, autour de la baignoire de Wyman squattée par un Morgan qui ne se refuse rien), mais comme chacun a des objectifs opposés (il doit mettre la main sur le Poet, elle doit se faire la malle avec celui-ci), cela retarde forcément l'échéance d'un vrai baiser sans arrière-pensées... Pour apporter une peu de légereté à cette situation romantico-polaro-westernique, il y a les petits numéros de Janis Paige (les jambes gainées de noir sur un comptoir ou tourterelle flirtant avec son ombrelle, la Janis vaut son poids en pastis) et ceux de mon gars Alan Hale (eh ouais, un fidèle de Delmer Daves qui me suità nouveau) en adjoint du shérif comiquement couard. Manipulable à souhait, notre homme est aussi sûr pour arrêter un type que les socialistes pour baisser les impôts. Qui saura le mieux manipuler les unes et les autres, that’s the question. 

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Walsh réussit son western à tous les postes : des dialogues savoureux (chaque femme est mi-ange, mi-démon, on le savait déjà et Morgan est prêt, on le savait aussi, à prendre les deux), des scènes d'action qui pèsent, de la comédie romantique d'une belle finesse, un scénar trépidant et un final exaltant. Avec deux héros un peu moins ternes (Morgan et Bennet, mouarf), ce Cheyenne ferait partie, à coup sûr, des coups de maître du Raoul. A découvrir absolument, foi de sioux.

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Walsh et gros mythe,
Go old west, here

Commentaires
B
Touché ! Pour le dernier paragraphe j'ai bondi un peu prestement sur votre "[...] partie, à coup sûr, des coups de maître du Raoul", j'avoue. Mais c'était la faute au retour à la ligne. No offense, I hope.
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S
Ah mais justement, c'est ce que je souligne sur la fin de ma chronique, si vous avez tenu jusque là - c'est sûrement là que le bât blesse, clair.
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B
Oui, tout est relatif, les doubles-fonds les plus enfouis de l'Uncle étant toujours plus reluisants que les trophées les plus ostensibles d'un - à tout hasard - Christophe Honoré. Mais rah, trouvez pas qu'il manque un p'tit Duke ou un Bob 'Old Rumple Eyes' Mitchum pour tenir la dragée aux pétillantes Misses Paige et Wyman ?
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S
Je fus dur avec certains Walsh à la limite de l'inepte - ils sont rares, heureusement. Mais j'avoue m'être totalement laissé prendre au jeu de ce western romantique tant l'ami walsh, fan du triangle amoureux devant l'éternel, s'en amuse sous tous les angles. Et les saillies, ici, pour le coup, sont assez fumantes... "Fond de tiroir", vous n'y allez pas avec le dos de la cuiller, mon ami.
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8
Allons bon ! Oui, il va à la vitesse du malin ce Walsh-là. Mais ça reste du fond de tiroir, avouez. Enlevez un peu les poursuites et espiègleries pour voir, le solde est bigrement... diaphane. Sur quel compte doit-on créditer cette saillie d'indulgence ? Le noir/blanc aurait-il un effet moins "passé" que les technicouleurs sur vos cassettes fomboniennes ?
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