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13 septembre 2014

LIVRE : Joseph de Marie-Hélène Lafon - 2014

Lafon_JosephEncore une fois, Marie-Hélène Lafon revient sur ses familiales terres du fin fond du bout du Cantal, territoire qu'elle ne cesse d'arpenter depuis toujours, et qu'elle a fini par savoir décrire sans plus d'effort. Et encore une fois, elle écrit juste, direct et proche de la terre, nous livrant avec ce Joseph le portrait d'un ouvrier agricole d'aujourd'hui, ombre sans épaisseur engagé par les propriétaires du coin, passant d'une famille à l'autre, d'une histoire à l'autre en fantôme. Un homme normal, quoi, avec ses amours passées et boiteuses, sa propension à caresser un peu trop la bouteille, sa solitude, ses habitudes... Lafon n'est pas dans le spectaculaire ; elle préfère le pointillisme, attaquer son personnage par petites touches subtiles. La finesse de l'écriture force le respect, ainsi que la justesse sans faille des mots : Joseph devient peu à peu d'une belle vérité, et on a l'impression d'avoir toujours connu ce type (ce qui est vrai si on a un tant soit peu vécu à la campagne). Très belle accumulation de détails, notés avec une pudeur jamais démentie, qui dessinent à terme une existence complète, pathétique et désolante. Bref, Lafon écrit très joliment. Le souci ici, outre le fait qu'on l'imagine mal sortir un jour de ce thème alors qu'on aimerait bien la voir évoluer vers autre chose, c'est que c'est un peu court en bouche. Une fois le personnage défini, surtout aussi bien, on a envie de voir un roman se déployer, de le voir plongé dans des "aventures", en tout cas dans une fiction. Mais le livre s'arrête là, à la simple description de cet homme, et nous laisse sur notre faim. Un petit soupçon d'inutilité, quoi, voire de paresse de la part de Lafon, qui n'arrive pas à se lancer dans une forme longue, qui préfère se tenir à la lisière d'un grand livre et en écrire plutôt plusieurs petits. Joli, mais comme une bouchée apéritive qui se concluerait pas un "Allez, au lit" de la patronne.

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