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Shangols
REALISATEURS
GODARD Jean-Luc 1 2
 
 
 

 
 
 
 
 
 
 
 
 
13 septembre 2014

Pontypool de Bruce McDonald - 2008

ppool3

Mis dans les mains de réalisateurs efficaces, les films d'horreur les plus fauchés sont souvent les meilleurs. Ca se vérifie avec ce Pontypool tombé de nulle part (en fait, des mains bienveillantes d'un fan de De Palma entre autres, que Dieu le câline), petit film de genre qui compense en idées ce qu'il perd en subventions, parvenant à rendre un hommage à ses maîtres tout en gardant une patte hyper-personnelle et en faisant la nique à tous les yachts croisés en chemin. Bruce McDonald veut faire un film de zombies, mais n'a pas les moyens de payer des figurants ou du maquillage ; qu'à cela ne tienne : fidèle à une tradition toute de suggestion, très conscient de ses effets et du pouvoir évocateur du cinéma, toujours expérimental mais jamais pompeux, il va utiliser le son et l'imaginaire du spectateur pour faire peur. Du coup, son survival va se transformer peu à peu en très belle réflexion sur le pouvoir des mots, sur la domination de la langue anglaise et sur la fascination que le cinéma peut avoir sur son public. Pas moins, et tout en restant un film de série B amusant et fun. Respects.

pontypool1

Tout commence comme dans un bon vieux Carpenter de base, époque Assault on Precinct 13 ou The Fog (thématiquement et esthétiquement) : une station de radio, trois personnages enfermés en studio, et une menace à l'extérieur qui se rapproche de plus en plus, dans un huis-clos anxiogène et parano que le maître JC aurait apprécié en se lissant les moustaches. La petite ville de Pontypool semble envahie par la démence, ce que nous n'apprendrons que par des bribes de sons qui nous parviennent de l'extérieur par le biais de cette émission de radio en train de se faire. On pense bien sûr aux expériences d'Orson Welles à la radio, et on se dit d'ailleurs que tout ça va arriver à une conclusion attendue : l'invasion zombiesque est un fake. Point. Si le film se concentre entièrement sur les sons, et l'imagination qu'ils déclenchent chez le spectateur, on s'apercevra que les zombies sont bel et bien là, mais qu'ils ne sont pas atteints de la folie qu'on croyait. Leur démence est purement intellectuelle, et la puissance du Verbe est bien la cause de leur état. Oui, messieurs-dames, un film d'horreur est capable de parler de ça : de la force des mots. Ce petit côté intello qui vient compléter le magnifique scénario de Pontypool fait alors penser, autre maître, à Romero qui fouille depuis toujours toutes les possibilités du film de zombies, leur donnant peu à peu une aura conceptuelle épatante. McDonald est sur ces traces-là, nous bluffant complètement dans la résolution de son mystère, qui va nous emmener jusqu'au bout de son concept. Le film, anglophone, se mettra subitement à adopter un français improbable, non seulement pour lutter contre les zombies, mais surtout pour s'opposer culturellement à l'uniformisation de la société représentée par ceux-ci.

pontypool

Ah ça va loin, je confirme, et le film est vraiment très intelligent dans son fond. Mais McDonald se montre aussi très habile dans la forme, jonglant très agréablement entre humour (jamais parodique, ça c'est fort) et effroi. Très belle façon, par exemple, de concentrer l'attention du spectateur sur le son : on voit de nombreux plans en travellings latéraux sur des conversations banales, et soudain, la caméra s'arrête, zoome discrètement, et l'oreille se tend. Hitch dirigeait le regard dans l'écran, McDonald dirige l'oreille, c'est bien aussi. Du coup, quelques effets sont très effrayants, comme cette petite voix de bébé qui sort subitement des écouteurs alors qu'on est censé entendre une voix adulte, comme ces grésillements qui ouvrent complètement les portes de l'interprétation et de l'imaginaire. En plus, le montage, parfois très original et surprenant, amène des contre-points visuels assez forts (la jeune ingénieure du son, gagnée par la folie, qui vient cogner bruyament la vitre de la régie ; une fillette au regard fixe qui pète soudain les plombs en direct, terrible). Le gars ne cède presque jamais aux effets faciles, préférant travailler dans la lenteur, dans la modestie, dans l'épure, et y gagne indéniablement. Bon, allez, quelques défauts quand même, en vrac : les acteurs, vraiment pas terribles, notamment ce cow-boy animateur de radio très clownesque et pas crédible ; une psychologie des personnages traitée comme un gadget inutile ; deux trois longueurs au début, avec ces précisions de personnages inutiles (à quoi sert de savoir que la technicienne revient d'Afghanistan ou que l'animateur fait dans la provoc ?) ; un humour souvent pataud. Ces petits défauts de débutant n'y changent rien : voilà un film original et attachant, couillu et techniquement remarquable, doté en plus d'un très beau discours sur les vertus du cinéma. J'adhère et en re-veux.

Pontypool (2008)_002

Commentaires
B
J'avais deviné , Boule d'anus , et sans ma boule de cristal eh eh . C' était clair comme de l'eau de vie . Pas con , le Bondy .
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3
Je ne te cache pas, Bondaface (hu hu, fallait pas nous l'dire), qu'il m'arrive occasionnellement de poster des commentaires sur ce blog-ci avec une légère brise dans les voiles. Attention à ceux qui vont me répondre "tout s'explique", vous ai dans le collimateur mes faquins !
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B
Chasseur de culs ( féminins pour ma part ) mais le pseudo veut dire aussi Bond le chasseur ( Bond da hunter ) . Mon pote 007 chasseur invincible de vilains méchants et la musique qui va avec , que de souvenirs aahh la la . Ben ouais , pas fastoche de trouver des pseudos originaux mais bof , c'est qu'un pseudo à la con . Le pastaga en Martinique , t'es sérieux ? C'est pour les bambinos . Enfile toi un Clément 55° , ça te câlinera l'oesophage . Je t'apprends rien , là , je parie ma collec de dvd .
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B
Hi hi. Chasseur de boules. Y sirotent aussi le pastaga chez les Martiniquais ?
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B
Erratum : Bondamanjak , ça se connait écrit comme ça , y a aussi bonda m'an jak ( pour les anciens en général , et pour moi ) Quant à la traduction , elle est épicée , forcément , et assez significative .
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