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1 août 2014

Hollande, DSK, etc. de Pierre Carles, Aurore Van Opstal et Julien Brygo - 2012

DSK-Hollande-etc

Revoilà notre Pierre Carles dans ce qu'il sait faire le mieux : critiquer la pensée commune et ses chiens de garde ; ou pour être plus précis, faire chier le capitalisme et Nicolas Demorand. Plus poil à gratter que jamais, notre compère s'entoure d'une bande de jeunes intervieweurs pas timides, d'une floppée d'images d'archives édifiantes, et s'en va frapper benoîtement à la porte de quelques pointures des médias : Demorand, donc, mais aussi Aphatie, Joffrin, Szaffran, etc. pour leur demander pourquoi le débat politique (nous sommes entre les deux tours de la présidentielle) semble courru d'avance, cantonné à deux candidats (DSK et Sarko, puis Hollande et Sarko), tous les petits partis étant traités comme de la petite friture par les médias. Avec en ligne de mire : les médias sont-ils au service de la politique capitaliste prônée par ces deux candidats, ôtent-ils la parole à d'autres façons de penser ? En environ 1 minute 30, la bande à Carles parvient à nous mettre tout ce petit monde très en colère, et c'est assez marrant de voir un Demorand sortir de ses gonds en répétant en boucle "Lisez Libé, ouais, lisez Libé" ou Aphatie serrer les dents devant les questions à triple sens des journalistes.

joffrin

C'est du Pierre Carles, hein, n'allez pas lui demander d'être de bonne foi et mesuré : honteusement partial, traînant son trotskisme comme une arme de poing, sachant déjà les réponses qu'il va avoir avant de les poser, seulement désireux de capter la colère ou la gène des victimes de ses pièges, il échoue neuf fois sur dix à dire quoi que ce soit de nouveau. Les interviewés sont consternés par les raccourcis du gars, et on n'obtient rien de ce côté-là ; d'autant que Carles oppose à ce discours consensuel celui beaucoup plus indigné de quelques-une de ses copains de banderole, faisant preuve d'un manichéisme qui confine parfois à l'anarchisme pur et dur. Ils ont tort, nous avons raison, pourrait être le sous-titre du film. On grince des dents devant le simplisme du discours et des méthodes, mais encore une fois c'est du Pierre Carles, et on l'aime justement pour son côté "table rase", naïf et guerrier à la fois.

une_sarkozy_dsk

Le principal intérêt de la chose, c'est plutôt les images d'archive. Leur accumulation dessine un réseau médiatique complètement gangréné, au discours soigneusement unique, véritable machine à broyer la différence : que ce soit Dupont-Aignan traité comme moins que rien par Denisot ou Mélenchon presque insulté sur Europe 1, Eva Joly caricaturée par Giesbert ou au contraire Sarko distribuant des sucres à toute l'équipe de Canal +, on se rend compte du mépris des journalistes pour tout ce qui sort de la norme, pour tout ce qui pourrait amener une critique du libéralisme, pour tout ce qui dépasse. C'est à la fois comique et désespérant, et on sent Carles et sa bande partagés entre l'affliction et le sarcasme. Alors bien sûr, ce sont des portes ouvertes qu'on enfonce, on n'a pas attendu le gars pour savoir que média et objectivité sont des termes opposés, mais c'est dit ici avec une vigoureuse santé, un ton crypto-punk du meilleur effet ("Qu'est-ce qu'il veut, Joffrin ? Qu'on passe nos soirées à comparer les prix de l'éducation, de la santé, des transports ? Au lieu d'aller se promener, de lire, de baiser ? La concurrence, moi je l'emmerde !", éructe Gilles Balbastre), ce qui en fait un nouveau caillou à coincer dans la chaussure des fâcheux, même s'il ne fait aucun doute qu'ils s'en remettront facilement.

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