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23 mars 2014

Donnez-nous aujourd'hui (Give us this Day) (1949) d'Edward Dmytryk

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Il ne s'agit pas d'un film italien mais bien d'une oeuvre - tournée en Angleterre - de ce bon Dmytryk sur la communauté italienne aux States dans les années 2O (ça sent la crise de 29, "brr" comme dirait ce trublion de Gols). Dès le départ, on a l'impression que notre héros Geremio (Sam Wanamaker qui porte bien la moustache) porte le poids du monde sur ses épaules... pour ne pas dire qu'il porte sa croix, la blessure qu'il se fait à la main (il se la transperce, littéralement) au début du film renforçant forcément l'envie de la métaphore christique (le titre du bouquin original, Christ in concrete ne laisse d'ailleurs peu de doute... le "in concrete" par exemple, il faut le voir, ou le lire, pour comprendre...). Un homme donc, comme tous les autres, qui un soir revient chez lui après un petit tour chez sa maîtresse. Bobonne est forcément furax, Geremio perd ses nerfs et la frappe. On assiste alors à un champ/contre-champ d'une violence terrible, surement l'un des plus violents parmi tous ceux qu'il m'est arrivé de voir (et j'en ai vu des milliers, j'ai vu tout Carné, c'est dire...) ; champ : trois gamins, l'air fringant et enjoué, se lèvent du lit pour chanter un joyeux anniversaire à leur pater ; contre-champ : le couple effaré avec la mère qui se frotte encore la joue giflée et son mari transformé en bougie... Comment peut-on en arriver là ? Ça tombe bien que vous posiez la question, on va justement assister à un long flash-back pour revenir sur les hauts et les bas de notre homme...

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Geremio est un homme de peu, maçon, brave, rigolard avec ses potes qui fait venir d'Italie une donzelle après être tombé amoureux de son image, de son visage. Il ne fait pas tellement malin car la jeune femme lui avait demandé une chose avant de prendre le bateau : qu'il est sa propre maison. Ils se voient, se reconnaissent (oui, ils sont fait l'un pour l'autre), ils se marient, passent leur lune de miel dans une maison pourrie de Brooklyn qui leur appartiendra... quand ils auront réuni 500 dollars. En attendant, la jeuen femme encaisse, ce sera la vie en appart dans un quartier bruyant (les Italiens sont sourds, on le sait). Mais ils s'aiment et se sentent capable de vivre d'amour et d'eau fraîche pendant un an, le temps de rassembler la somme... Un an, ou plus, hein... voire beaucoup plus, parce qu'il y a 1929, brrr. Ils font des gosses pour ne pas perdre la main, Geremio parvient in extremis à obtenir un poste de chef de chantier, seulement avec le temps, tout s'use... Bobonne est beaucoup moins aimable et l'on a tendance à laisser tomber un peu ses potes quand on monte en grade - surtout quand on a la responsabilité d'un chantier pourri où tout le monde risque un accident au moindre moment et où il faut aller vite : Geremio, tu déconnes, tu perds le contact, t'es en train de tout foutre en l'air. Reste à savoir si notre moustachu aura la chance de connaître la rédemption... ou pas.

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A la première séquence choc répond la dernière où le gars Dmytryk (toujours un as du montage : l'accident de la brouette de briques qui manque de précipiter notre héros dans le vide, un cas d'école) par le choix de ses cadres, de ses plans fait peser une constante menace sur la scène : dès qu'il filme un mur, on a peur qu'il s'écroule, dès qu'il filme une bétonneuse, on a peu qu'elle chute... Tout à l'avenant. On se demande jusqu'au bout, durant les quelques secondes palpitantes de cet ultime séquence, après avoir assisté au mea culpa de Geremio avec sa femme puis avec ses potes, s'il aura droit à la tranquillité, à la sérénité... Entre ces deux grands moments de par leur intensité, on suit le parcours d'un type qui fut amoureux (les très belles scènes de la lune de miel où notre petit couple est tout en attention et en gentillesse), qui l'est encore, mais que le travail et les soucis d'argent ont fini par ronger. Et puis la routine de cette "petite vie" (chaque sous d'économiser est un pas de plus en direction de la maison... ou vers la mort) uniquement rythmée par la naissance des gamins (le terrible "n'appelle pas le docteur, c'est trop cher" de la femme et la terrible hésitation de Geremio : l'argent est-il plus fort que la vie ?). Après ces quelques jours de bonheur, on ne sait si notre maçon va trouver enfin le bonheur ou s'il va droit dans le mur - un comble, oui. Grand film social, dirais-je, que nous donne aujourd'hui un ami Dmytryk toujours aussi passionnant dans son traitement des sujets. 

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Commentaires
G
Nan mais bon sang, je PLAISANTAIS sur Lang, les gars !
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F
Ouais ouais mais je crois qu'il galèje complètement sur Lang le Gols. Ça peut pas êt' possible autrement.<br /> <br /> Ou alors c'est que Godard et Eustache lui ont réellement chambardé la cafetière. <br /> <br /> <br /> <br /> Au fait c'est bien que tu nous aies choisi le grand Dmytryk comme nouvel essuie-pieds, Mitchcock !..
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S
Je change de crémerie. Le Nanny Loy, c'est trop le souk, un hamster islandais n'y retrouverait pas ses chiots mexicains. <br /> <br /> <br /> <br /> Je viens de voir Duel dans le Pacifique que j'avais jamais vu... <br /> <br /> C'est bien le remake d'un Tex Avery, hein?
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