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GODARD Jean-Luc 1 2
 
 
 

 
 
 
 
 
 
 
 
 
18 mars 2014

Le Château de la pureté (El Castillo de la pureza) d'Arturo Ripstein - 1972

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A l'épicentre entre Buñuel et Pasolini, Ripstein réussit un film sulfureux et moite qui vous laisse un sale arrière-goût de malaise et de déviations sexuelles (et c'est un compliment). Dès les premières images, un splendide travelling qui montre une cour intérieure de demeure en friche, battue par une pluie torrentielle, on est plongé dans une sorte de malaise qui ne nous quittera plus jusqu'à la fin. Très vite, on comprend que la maladie mentale s'est installée dans le film : cette demeure est la prison dans laquelle vit une famille, menée par l'austère et déviant paternel. Obsédé par la gabegie que constitue le monde extérieur, il a enfermé femme et enfants là-dedans, si bien que les petits n'en sont jamais sortis. Leurs journées sont faites du travail pour l'entreprise familiale (la fabrication de mort-aux-rats...) et de jeux innocents qui, avec la puberté, deviennent moins innocents... Peu à peu, la tentation de l'interdit s'installe dans cette communauté cabossée, au grand dam du père, qui pète peu à peu un boulon sous la pluie battante.

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Ripstein, avec sa science légendaire des cadres et de la durée des plans, vous enferme danbs son film façon rat dans une cage. Son décor, à la fois ruine d'hacienda mexicaine et château de Barbe-Bleue, sert magnifiquement le dessein, surtout densifié ainsi par les couleurs ocres et grises de la (somptueuse) photo d'Alex Philips. Les bords de l'écran semblent être de nouveaux murs pour emprisonner les personnages, et développer, comme un virus vénéneux, les tentations de ceux-ci. Car le motif le plus présent est bien entendu celui que le père veut absolument rayer de la vie de sa famille : le Sexe. Le film respire littéralement le sexe, aussi bien le "pur" que le "sale". Bien entendu, le père, dans sa hantise du sexe, est un obsédé pur et dur, qui tente de soudoyer les jeunes filles pour assouvir ses pulsions, qui traite sa femme comme une chose, et qui répand ses obsessions délétères comme la mort-aux-rats qu'il vend au porte-à-porte. La pluie, qui lave mais qui annonce aussi le déluge, ne cesse de nettoyer ces torves comportements qui circulent dans la maison, et le film est un vrai cauchemar psychologique.

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On regrette presque que Ripstein quitte son château pour aller suivre son personnage principal à l'extérieur. Les scènes au dehors sont un peu moins intéressantes, et on se passionne beaucoup plus pour toutes les relations entre les personnages à l'intérieur de la maison. Grand directeur d'acteurs (le père vient d'ailleurs directement de chez Buñuel), le réalisateur gère avec énormément de finesse les non-dits, les silences, les regards, aussi bien que les grands pics de colère paternelle ou les brusques virages que prend sa folie (les scènes de consolation qui succèdent à la violence pure). Tout dans le symbole, le film est pourtant très subtil. Et, malgré une ou deux répétitions, passionnant.

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