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31 janvier 2014

Un Monde sans Femmes de Guillaume Brac - 2012

07

Toute petite chose charmante que ce film sans façon, complètement dans l'air du temps et attachant comme tout. C'est fait mine de rien, modestement, et c'est vrai qu'on peut regretter un peu le manque d'ampleur ou d'ambition ; mais voilà le type de film nonchalant, à la fois drôle et émouvant, qui vous touche sans l'avoir annoncé, et qui vous attrappe au détour d'une de ses mignonnes répliques ou mimiques d'acteurs. Arriver à dégager un tel charme sur du presque rien, ça n'est pas si facile, et ça vous évoque immédiatement quelques glorieux aînés, Rohmer et Rozier en tête.

Un-monde-sans-femmes

Comme les sus-cités, Brac joue sur les désordres sentimentaux d'un petit trio en vacances : une mère et sa fille, toutes les deux jolies à croquer, très différentes l'une de l'autre (l'aînée est volubile et volage, la petite est intello et secrète) louent une maison au célibataire du coin, vieux garçon coincé et timide. Ils vont se livrer à un minuscule ballet des coeurs pendant ces quelques jours d'été : qui aime qui ? qui domine et qui est dominé ? qui finira dans le lit de qui ? Autant de questions auxquelles Brac répond en filmant simplement les jours qui passent, les ballades sur la plage, les dragouilles en boîte, les maladresses et les mots ambigus. Rien de bien passionnant, donc, rien qu'on ne connaisse par coeur en tout cas. Mais la poésie discrète, la modestie du projet remportent l'adhésion. Parce que les personnages sont justes, proches, familiers ; parce que le réalisateur sait parfaitement faire sonner la douce mélancolie du trentenaire en perte d'amour ; parce que ça ne tombe jamais dans le grave ni dans le vaudeville pur, sachant toujours êtrre à la bonne place, à savoir en empathie avec ses personnages et en même temps taquin avec eux. Enfin parce que, mine de rien, le film opère unhabile retournement de situation, nous faisant découvrir peu à peu le personnage le plus en retrait du film (la fille) pour en faire au final le personnage central de la chose. On croyait pendant les 3/4 du métrage que le film se mettait du côté masculin, montrant la terreur des hommes à affronter les femmes, la difficulté à rentrer dans les codes de la drague ; on découvre en fait que le film nous a parlé du désarroi féminin, dans une sorte de "twist" final très adroit (euh, attention, on n'est pas dans 24h chrono non plus, hein).

un-monde-sans-femmes-photo-7

Le film a beau être parfois bancal (les acteurs un peu too much, le grain 16mm pas très sexy), on ne peut s'empêcher d'apprécier cette élégance tout en retrait et ce regard doux sur les êtres et les choses. Comme chez Rohmer, on croit complètement à cette petite ville balnéaire paumée, à ces quelques jours de soleil et à ces personnages d'aujourd'hui, craintifs, abandonnés, pathétiques et craquants.  Bien bien.

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