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Shangols
REALISATEURS
GODARD Jean-Luc 1 2
 
 
 

 
 
 
 
 
 
 
 
 
7 mars 2014

12 Years a Slave (2014) de Steve McQueen

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12 Years a Slave est typiquement le genre de film impossible à condamner sur le fond (l'esclavage, les coups de fouet qui creusent des tranchées dans la peau, les pendaisons, les salopiots de "masters" blancs qui usent et abusent (sexuellement) de leur pouvoir... C'est vrai que c'est mal), joliment réalisé dans la forme (Steve McQueen chiade chaque mouvement de caméra, chaque lumière) mais qui au final laisse la désespérante impression d'assister à une oeuvre... aux allures de simple livre d'images - et ce malgré la violence terrible de certaines séquences. C'est bien interprété (Chiwetel Ejiofor en tête épaulé par une solide distribution : Michael Fassbender, parfait pourri, Brad Pitt, parfait bon gars, Paul Dano, parfait petit enculé...), Steve McQueen se donne le temps de poser certaines séquences et de laisser sa caméra tourner pour plonger notamment dans le regard hagard de son héros (victime d'une solide injustice, dirais-je : alors qu'il est un violoniste réputé, il se fait kidnapper et se retrouve vendu comme esclave ; coton, cannes à sucre, construction, il fera la totale et finira moralement aussi brisé dans "l'âme" que son petit violon...), la fin réserve forcément sa petite bouffée d'émotion... mais l'ensemble, méchant réfractaire que je suis, ne m'a pas pour autant particulièrement ému (La Couleur pourpre m'avait pourtant laissé comme une éponge trempée dans un seau d'eau - mais cela fait déjà un bail que je l'ai vu : j'étais encore un tendre (ohoh))... Que dire ? Une image trop lisse pour un sujet trop dur ? Un scénar qui déroule sans que l'on ne soit jamais surpris par les "rebondissements" (Terrible impression de déjà vu dans ses petits maîtres blancs dictatoriaux - le "droit de cuissage", la séance de fouet pour évacuer sa frustration (pauv' pitit blanc), le type qui vend de l'esclave comme on vendrait un âne - ou dans ces autres maîtres un peu moins "farouches") ?

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La plupart des séquences se veulent relativement édifiantes (la rébellion, la "menace" de pendaison, la tentative de fuite, les lacérations à grands coups de fouet, les trahisons...) et brossent un portrait forcément ignoble de la condition des blacks dans ces Etats ricains du Sud au milieu du XIXème siècle. Bien difficile d'y trouver à redire. Seulement voilà, l'anglais McQueen si mordant avec Hunger, plus complaisant avec Shame, réalise un film "à la Hollivvoood" (musique atmosphérique de l'incontournable Hans Zimmer en prime : mouais...) et j'ai malheureusement eu la douloureuse sensation tout du long d'avoir déjà vu l'essentiel de ce film après le matage il y a quelques jours de la bande-annonce. Bref, guère cueilli par la chose tout en reconnaissant que le truc est taillé pour plaire aux ricains - des critiques dithyrambiques d'ailleurs outre-Atlantique et... déjà un Golden Globe dans l'escarcelle. Du beau filmage pour un "biopic" historique au sujet "dur" et un déroulement narratif un peu trop attendu : il y a mieux comme compliments…   (Shang - 12/01/14)

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Tout est dit, je ne peux qu'en rajouter une louche dans le dédain : voilà un film qui ne mérite que de gagner un Oscar, c'est bien fait pour sa gueule. Académissime, c'est le mot, et d'autant plus décevant que le gars McQueen a déjà fait preuve, dans le passé, de tendances expérimentales intéressantes. Ici, une seule trace d'audace : le long plan où notre héros est pendu à une corde, mourrant à petit feu, et où il entend autour de lui la vie continuer à battre dans l'indifférence. C'est la seule scène réussie, en tout cas un peu "signée" de ce chromo clicheteux déjà vu 15257 fois ; parce qu'elle est enfin sentie, enfin ancrée dans quelque chose d'implacable et de physiquement insupportable. Dans les deux heures qui entourent ce plan : un long message comme quoi l'esclavage, mazette, c'était pas rigolo, avec des bouts de Brad Pitt (dont la barbe se décolle clairement) dedans, et pas super bien joué (pas d'accord avec mon camarade sur Chiwetel Ejiofor, cabotin assez bêta qui grimace de souffrance dès qu'il est en gros plan et ne trouve rien d'autre à faire que de marcher courbé dans les plans larges pour montrer le poids du destin sur ses épaules), et complètement artificiel (la photo ci-dessous est une des plus naturelles du film, voyez le genre ?). Typiquement américain, le film se plante même de message : en nous montrant un gars cultivé, attachant et raffiné vendu en tant qu'esclave, il sous-entend que la traite des Noirs est d'autant plus condamnable qu'elle s'attaque à des gens bien. Or, il s'agit de fustiger l'esclavage dans son ensemble, on est bien d'accord ? Le coup aurait été plus noble et plus intelligent en nous montrant un anti-héros, un gars illettré ou concon, plutôt qu'un héros, et de nous faire comprendre que même un imbécile, il est scandaleux de l'asservir. Décidément, que ce soit pour critiquer la peine de mort ou l'esclavage, les scénaristes sont souvent bien flous politiquement. Bref, un film déjà poussiéreux, inutile et paresseux, lisse et politiquement correct, faussement engagé et indigné, qui trouvera bientôt sa place sur les étagères des collèges du monde entier pour édifier la jeunesse. Tarantino, reviens !   (Gols - 07/03/14)

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Commentaires
J
À voir aussi avec le grand Jimmy: Autobiography of a Princess, moyen-métrage de James Ivory (je me demande si c'est pas ce qu'il a fait de mieux: pas toujours client de ses films un peu académiques). Mason, comme toujours impérial, y taille le bout de gras avec une princesse indienne exilée dans un miteux appart londonien. Ça a pas l'air de manger de pain mais c'est très bien.
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1
Ben vrai, ça ! Tout le temps, génie constant. J'opine du chef ( je n'en ai qu'un, de chef, en tant que bicéphale vous avez de l'avance...) J'aime James. Tout le temps et partout, y compris dans l'inénarrable "De la part des copains" du non moins narrable et inné Terence Young... <br /> <br /> Il porte le malheur et le pardessus comme personne.
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G
Vu Pandora plusieurs fois, pensez donc, avec même un début d'érection comme il se doit. Mais vous avez raison, faudrait le revoir un de ces jours.<br /> <br /> Moi j'adore Mason dans La Mort aux Trousses et dans Five Fingers. Je dis ça, hein, c'est juste pour dire : il est génial tout le temps, non ?
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B
vous voulez dire Pandora (and le flying comme vous dites) ? <br /> <br /> Je présume que notre ami bicéphale doit avoir vu, voire revu, cet inévitable ("incontournable" irait bien, mais on le dit à tout bout de champ, et je suis un peu snob, comme dirait l'autre....)<br /> <br /> mon Mason préféré (c'est perso, hein, rien d'implacable) c'est Les Désemparés d'Opuls (écrit à l'américaine). <br /> <br /> chuis snob, j'vous dis, on m'appelle Bob.
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A
D'accord avec vous Cecil "Mandingo" est un chef d’œuvre. Un beau pied de nez à "Autant en emporte le vent", à l'Amérique et sa manière de raconter son histoire. Quant à Tarantino, je le surnomme le Shadock américain (vous vous souvenez: ceux qui pompaient, pompaient et pompaient) ... très judicieux le rapprochement entre ces deux films. <br /> <br /> <br /> <br /> Shangols, j'ai cru lire que vous aviez un petit faible pour James Mason. Je vous invite à découvrir the Flying Dutchman dans un de ses meilleurs rôles à ma connaissance.
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