LIVRE : Baignade surveillée de Guillaume Guéraud - 2014

J'aime bien Guillaume Guéraud, voyez-vous, quand il écrit pour la jeunesse des albums malpolis ou des romans trashouilles. Malheureusement quand il se risque à la littérature adulte, il est nettement moins convaincant, comme s'il perdait au passage toute trace de soufre. On voit bien où le gars veut nous mener : sur les traces de ses grands modèles américains, depuis les polardeux vieille école jusqu'aux McInnerney ou DeLillo. Mais, le souffle un peu court pour atteindre à ce lyrisme sec-là, toujours plus ou moins à 2 mètres derrière, le gars tire la langue pour nous raconter une histoire rebattue qui aurait bien eu besoin pourtant d'un peu de style pour être intéressante. Un gars en pleine crise de couple part en vacances avec femme absente et enfant tourmenté, et est très vite rejoint par son frérot, ex-taulard peu fréquentable, en cavale, et qui va finir de gâcher les vacances de notre héros. Rapports d'admiration et de haine, lourd passé familial qui surgit, soucis amoureux, paternité douloureuse, le tout sur fond de polar (c'est entremélé avec le récit du dernier casse du frère), Guéraud creuse le sillon des frères ennemis avec beaucoup de bonne volonté. Parfois, il arrive, rien à dire, à trouver un rythme chaloupé, à tresser quelques dialogues bien balancés, qui rappelle le Djian des années 80. Le personnage du frère même est parfois crédible, gros lourdaud séducteur et sans barrière face au narrateur plein de névroses. Mais tout ça est léger comme une bulle, bien trop inconsistant pour que rien ne reste en bouche, ni le côté sulfureux, ni le ton un peu jazzy, ni les situations assez convenues. Pas de surprise, quoi, tout simplement, alors que les livres de Guéraud pour la jeunesse en regorgent. Raté.