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26 décembre 2013

La Maison des 1000 Morts (House of 1000 Corpses) de Rob Zombie - 2003

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House of 1000 Corpses n'est peut-être pas un chef-d'oeuvre qui révolutionnera le genre, mais il est tout de même bien agréable de tomber sur un machin aussi impur en ces temps de films d'horreur lisses comme des Chuppa-Chups. Je l'ai déjà dit sur ce blog : quand il est en forme, Zombie parvient à quelque chose de vraiment bien, qui flirte autant avec le gore qu'avec le burlesque, avec le film pour teenager qu'avec l'expérimental. Et il est en forme ici : son bazar est bordélique comme une chambre d'ado, inégal et bancal, mais on y trouve de vrais morceaux de bizarre qui grincent sous la dent, et on lui en sait gré. Dommage que son scénario, dans sa volonté coûte que coûte de rendre hommage au genre, soit si plat : l'éternel groupe de post-ados décérébrés qui se retrouvent dans la campagne sauvage et se font décimer méthodiquement par des péquenauds serial-killer, bon, on s'en lasse un peu. Certes, c'est assez marrant de proposer comme personnages masculins deux geeks fans de films d'horreur, parfaitement au jus de toutes les ficelles du genre, et qui se font mutiler avec une quasi-jubilation (le côté "putain le pied, on est dans un film d'horreur, man"). Certes, on aime aussi que les bad guys soient des sortes d'artisans scrupuleux de la tradition du dépeçage, qui tuent comme on fabrique des sabots à l'ancienne, en se référant aux glorieux aînés : ça donne droit à un tour en train fantôme en hommage aux plus grands monstres de l'Humanité, c'est assez drôle. Mais tout de même : le scénario est fait de bric et de broc, les séquences ayant du mal à former un tout cohérent. C'est plus une suite de saynètes qu'un vrai film construit. Bah, ma foi, ça fait partie du côté punk de la chose, et après tout Zombie se moque comme de son premier tailladage de veines de la cohérence et de la construction, il a bien raison.

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De toute façon, quand on voit comme il est brillant dans la forme, on lui pardonne son récit erratique. Le compère, ça vient sûrement de son pasé de hardoss, aime le crasseux et le scratché. Certains des meilleurs moments du film ne sont aps sans évoquer les courts-métrages trash de Kenneth Anger : pellicule travaillée directement dans sa matière, images distordues, saturées ou "inversées" (présentées en négatif et colorées au pot de peinture jeté, en quelque sorte), musique stridente confinant au pur bruitisme sur la fin, goût pour le maquillage le plus outré possible, personnages freaks dont les tares semblent carrément déborder sur la technique du film, on en a pour son argent si on aime le glauque et l'étrange. Comme en plus, c'est dôté d'un humour morbide assez convaincant et d'un certain sens du rythme (il y a une métrique presque tarantienienne dans ces longues plages de dialogues sans profondeur), on apprécie vraiment. Il est vrai que Zombie est peut-être encore trop asservi, dans ses moments creux, à ses aînés : non, il n'a pas la puissance de Tobe Hopper, ni le côté complètement nihiliste du Wes Craven des années 70, deux références qui bouffent un peu le film. Du coup, on passe de cîmes en abysses dans ce film encore trop hésitant entre succès public et vraie signature. D'ailleurs, aujourd'hui, Zombie est devenu grand public, la balance commerciale ayant penché du mauvais côté. C'est dommage : en ce temps-là, il envoyait du steak saignant.

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