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16 décembre 2013

LIVRE : Blaise Cendrars d'Henry Miller - 1941-1950

002501877Pas tout à fait inédits, ces deux textes du père Miller, puisqu'on les a déjà trouvés ça et là dans divers recueils du gars. Mais la nouvelle traduction permet d'y revenir, et le regroupement de ces deux textes aussi différents que complémentaires est une riche idée de la part de Fata Morgana. D'autant que les chtits dessins d'Olivier Jung qui accompagnent cette édition (plaisir aussi de découper soi-même les pages, je me suis pris pour un vieux bibliophile) sont charmants et dynamiques, épousant bien la vitalité joyeuse de l'écriture de Miller. Joie totale, donc, de retrouver le Miller survolté qu'on aime, clamant dans une précieuse exagération son amour pour un autre écrivain. On voit tout de suite la filiation qui peut exister entre les deux hommes, Cendrars et Miller : un goût pour les antipodes, une passion pour l'humanité, un lyrisme qui s'applique aussi bien aux grandes choses qu'aux petites, une façon de dévorer la vie par tous les bouts qui donne une écriture en totale liberté. Miller se livre donc, à travers le (faux) portrait de son ami, à un autoportrait en grand poète, remettant une nouvelle fois à plat toutes ses ambitions d'écrivain tout en faisant semblant de chanter la gloire d'un collègue. Attention : son admiration pour le bon Blaise ne fait aucun doute, et il met parfois le doigt sur la quintessence même du style de son maître : quand il évoque les contradictions de Cendrars, sa façon de dire tout et son contraire, d'aimer autant l'égout que le cosmos, il vise exactement le bon endroit. Dans sa description même du personnage, il parvient à travailler comme un peintre, à évoquer l'âme de son modèle en ne racontant que des petites anecdotes ou des détails physiques. Mais à travers tout ça, c'est le Miller tel qu'il se rêve qui apparait, celui qui voudrait bien acquérir l'érudition, la grandeur, le lyrisme de Cendrars. Tour à tour timide comme une jeune fille (Miller a un côté "fan") et familier, il use de toutes les cordes de son écriture pour chanter les louanges de son ami. Ca donne un style flamboyant, hyper-musical (traduction parfaite de François Villié), sorte de résumé en 100 pages de ce que sait faire Miller quand il est enthousiaste. Un vrai bonheur de lecture, qui donne envie, c'est le moindre de ses mérites, de se replonger dans l'oeuvre complète de Cendrars (incontournable) et de Miller (incontournable).

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