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Shangols
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GODARD Jean-Luc 1 2
 
 
 

 
 
 
 
 
 
 
 
 
3 février 2023

Snowpiercer, le Transperceneige (Seolgungnyeolcha) de Bong Joon-Ho - 2013

Snowpiercer

C'est toujours un délice de se taper un Bong (comme dit souvent mon amoureuse), et encore une fois le gars nous surprend et nous bluffe. Rien pour me plaire a priori : un film de SF burné, avec acteurs américains et se dirigeant vers un twist final un peu attendu. Mais la mise en scène, le sens des personnages, l'humour et le rythme de la chose transcendent sans souci cette trame un peu passée : c'est un vrai spectacle de cinéma comme on l'aime, un peu bas du front dans l'écriture mais justement défoulant, un peu trop clinquant dans la forme mais justement virtuose.

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Ça se passe dans un train du futur, au sein duquel ce qui reste de la population du monde a pris place après une bête catastrophe climatique. Entassés comme des sardines, les gars des basses couches sociales survivent à l'arrière du train ; à l'avant se trouvent les nantis, guidés par un Dieu mystérieux qu'on imagine logé dans la locomotive. Le train roule éternellement, s'il s'arrête le gel le détruit. On démarre le film au moment où une poignée d'hommes de l'arrière décide de remonter tout le train pour aller en découdre avec les dirigeants à l'avant. De wagon en wagon, tels des niveaux de jeux vidéo, les gusses vont gravir les échelons sociaux (mais à l'horizontale), traverser toutes les strates de la société, et se frotter à leurs ennemis les aristos, armés jusqu'aux dents. Ça charcle grave, ça décime à tours de bras, le sang gicle façon geyser, et autant le dire, peu seront les élus qui parviendront enfin au saint Graal : les commandes du train.

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Brillante idée de départ que ce train immensément long, dont chaque wagon représente un état de la société, en mouvement dans le vide. Il y a indéniablement quelque chose de métaphysique à voir ce bolide traverser le blanc total simplement troué de vestiges du temps passé (carcasses de buildings, cadavres gelés), et Bong semble bien inventer ici le travelling éternel parfait : un groupe d'homme qui avance de gauche à droite (seul mouvement de caméra possible, a-t-on l'impression) dans un train lui-même en mouvement dans le même sens. Du coup, temps et espace se confondent : on fête d'ailleurs la nouvelle année à chaque fois que le train franchit un certain pont, tous les ans. C'est une très belle situation de départ, qui permet de parler à la fois de lutte des classes de façon concrète, de notre rapport à Dieu, et aussi de la durée de l'existence elle-même. Au gré des wagons, nos amis traverseront une école propagandiste, un resto de sushis, une serre tropicale, un fumoir pour vieilles bourges, un bordel, une boîte de nuit, etc., belle traversée en accéléré d'endroits emblématiques d'une vie.

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Mais de toute façon, même sans ce fond très agréable, le film se suffirait à lui-même s'il n'était que le bazar d'action qu'il est. Bong est absolument impeccable pour doper son suspense, rendre lisible une scène de baston, enchérir sans cesse dans le spectaculaire. Surtout, marque très nette de son auteur, le film désamorce sans arrêt le sérieux qui menace (c'est un scénario de SF, et du coup ça pourrait se prendre facilement pour plus que ça n'est) par un humour et un humanisme constants. La grande trouvaille, c'est un ingénieur coréen drogué jusqu'aux cheveux et cynique façon Escape from New-York (Song Kang-Ho, hilarant), contraint de faire tout le chemin avec le héros type américain (Chris Evans, beau mais un peu fadasse) : ça devient alors un de ces films de duos dépareillés (c'est buddy-movie qu'on dit ?) comme on les aime. Bong ne cesse de nous surprendre, poussant son humour de mauvais goût très loin : les scènes malaimables de la salle de classe, ou la composition en sur-surjeu de Tilda Swinton sont des sommets d'absurde, qui sont comme des pavés dans la mare du sérieux papal de ce genre de films. Certes, ça tombe du coup de temps en temps dans une imagerie too much à la Terry Gilliam, et c'est dommage. Comme il est dommage que la résolution du film soit si prévisible et si pesante (quoi que le dernier plan, hein, soit magnifique). Mais franchement, pendant deux bonnes heures, notre compère nous aura baladés à la manière des montagnes russes entre le bon vieux blockbuster à l'ancienne et la comédie burnée, et ça, on lui en sait gré. Techniquement, c'est en plus irréprochable : musique, couleurs, lumière, rythme, et même costumes, tout est parfait. Je veux bien une autre tournée de Bong. (Gols 13/11/13)


Vous connaissez mon amour pour les films de train, hein ? J'ai seulement l'impression ici que trop de wagons, finalement, tue le film de train. Il est étrange de voir, en intro, que j'avais accroché (les wagons ?) à Last Train for Busan (Gols moins, de mémoire), alors que ce film-ci, signé du gars Bong, me laisse pour le coup un peu froid... Comme l'impression fâcheuse (la chose est pourtant adaptée d'une BD que ma douce vient de finir - moi, j'y touche pas, aux BD, trop compliqués...) d'entrer ici dans un jeu vidéo (survivre à chaque wagon) que d'assister à un vrai grand spectacle cinématographique métaphysico-écologico-sociologique... Tout est intéressant dans cette idée de départ, dans cette façon en effet de "traverser la vie" horizontalement comme le rappelle subtilement le gars Gols, mais tous ces personnages hirsutes, violents, grandiloquents, fou furieux n'ont guère plus d'épaisseur que des ombres mouvantes... Non seulement la foule de figurants n'a guère d'intérêt (comme dans une série, genre Lost, qu'importe qu'une cinquantaine d'entre eux meurt, il semble toujours y avoir un réservoir infini : on peut donc enchainer les carnages ad libitum, tant que les héros demeurent), mais les personnages principaux n'ont eux même que peu de "valeurs" : le bourrin ricain et le drogué rêveur coréen, on aurait voulu faire plus stéréotypé qu'on ne s'y serait pas pris autrement... Du coup, rapidement, après un début pourtant prometteur chez les pauvres (Bong soigne les détails comme le passage rapide dans le gourbi-couchette du personnage du dessinateur, mémoire vivante de cette populace assemblée dans ces wagons plombés), c'est parti pour défoncer les portes une à une de ce train plus long qu'une attente dans une gare SNCF... Une résistance d'abord molle, puis dure, avant de traverser les wagons sans réaction de ces cons de nantis qui planent (une petite rébellion quand ils n'ont plus de drogue, oui, certes, mais un peu tardive) et cette résolution philosophico-crétine aussi crédible que la retraite à 50 ans. Le divertissement, moui, il est là, parfois, même si on décroche (les wagons, still ?) un peu trop rapidement en route devant cette marche forcée jusqu'au-boutiste (bon, c'est quand qu'il arrive ?). Une traversée pas inintéressante dans son concept et sa folie du décorum, mais aussi consistante au final qu'une névé sous le soleil (levant) (Shang 03/02/23)

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Commentaires
M
Effectivement, ma première impression était que l'on était en dessous de MoM, oui,, mais quand je repense à ces scènes d'intérieurs imposés par le relief des wagons et ce qu'il a réussi à nous montrer, je dis chapeau car ce foisonnement de couleurs et de lumières, cette alternance de plans larges et serrés ainsi que la maitrise du rythme des scènes d'action c'est du bel ouvrage. Le gros défaut ce sont les acteurs us un peu fade car ils n'ont pas de fêlure, ils ne sont donc ntéressants pour BJH, et donc pour nous aussi.
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A
Tout l'inverse. lourdeau, débilisant et laid, sont les adjectifs qui me viennent. <br /> <br /> bien en deçà d'un Memories of Murder ou Mother.
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S
Fait tourner, fils.
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