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16 octobre 2013

E-clip-se de Chris Marker - 1989

Sans titre
Le jour de l'éclipse de 1989, Marker sort sa caméra équipée de l'effet jour/nuit, et va filmer ses contemporains rassemblés pour l'occasion dans un parc. Trois parties : la préparation, l'éclipse elle-même, et l'après. Dans la première, le cinéaste s'amuse à filmer les gens en train de s'équiper des lunettes ridicules pour assister à l'évènement, mettant son point d'honneur à ne pas montrer l'évènement lui-même : si sa caméra se tourne vers le ciel, c'est pour cadrer les nuages ou le soleil caché derrière les arbres. Ce qui l'intéresse, c'est l'étrange communion de ces êtres si différents qui se retrouvent au même endroit pour une cérémonie presque magique. Même si la vie suit son cours (les enfants jouent avec les statues du parc, quelques vieux continuent à papoter), on sent que quelque chose de spécial se prépare.

Quand l'éclipse démarre, on a effectivement confirmation de l'aspect sacré de la chose : passant au noir et blanc, Marker filme au ralenti les gestes de ces gens pris dans l'obscurité, comme dans un film fantastique. Il y a de la sorcellerie dans cette éclipse, et les chouettes qu'il cadre sont bien là pour nous le prouver. Le film reste simple et plutôt léger, mais il y a réellement quelque chose d'effrayant dans cette suspension des mouvements et du temps, quelque chose d'ancestral même, si on considère ces lunettes comme des masques tribaux primitifs, et tous ces regards tendus vers le ciel comme des prières un peu effrayés. Marker retrouve quelque chose des origines dans cet évènement contemporain. La musique electro envoûtante n'est pas pour rien non plus dans cette impression.

L'éclipse terminée, tout le monde retourne à ses activités, et le cinéaste s'amuse à regarder les gens "tomber le masque" brusquement et retrouver leur rythme normal. Si quelques gusses s'attardent encore à fixer le ciel, on voit bien que la magie est terminée. 8 minutes de cinéma direct, poétique et simple, peut-être pas un immense chef-d'oeuvre, mais une récréation envoûtante.

Chris Marker, l'intégrale : cliquez

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