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Shangols
REALISATEURS
GODARD Jean-Luc 1 2
 
 
 

 
 
 
 
 
 
 
 
 
27 septembre 2013

Rengaine de Rachid Djaïdani - 2012

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Djaïdani en fait un argument de vente : il lui a fallu neuf ans pour réaliser ce film de contrebande, faute de moyens, d'autorisations, de productions, etc. Une galère que le gars met très en avant dans son  marketing, et il a tort : on ne voit pas pourquoi il lui a fallu tant de temps. Donnez les mêmes moyens à Cassavetes, il vous fait six films en quinze jours. Passons. Ce léger agacement passé, je constate que Rengaine a vraiment de la gueule, se désolidarisant avec une belle santé de ses camarades qui surfent sur la même veine (la banlieue, l'islam radical qui peut y sévir, ce genre de choses). Pas de misérabilisme ici, ni même aucun des clichés qu'on trouve toujours dans ce genre de films. Tourmenté, Djaïdani préfère rester du côté de ses personnages plutôt que de sortir les gros flingues ou la tchatche attendus. Et comme ses acteurs sont pour la plupart assez bons, comme il est dôté d'une vraie sincérité dans ce qu'il raconte, on finit même par trouver la chose fascinante malgré le côté bras-cassé, malgré les maladresses et le schématisme du scénario, malgré la réalisation lassante de caméra à l'épaule qu'on fait tournicoter dans tous les sens.

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Sabrina, jeune Maghrébine musulmane, seule fille de son immense fratrie, aime Dorcy, jeune black catholique qui veut être comédien. Le grand frère de la belle, Slimane, ne l'entend pas de cette oreille, et va arpenter les rues de Paris à la recherche du couple qu'il estime illicite, pour leur faire entendre raison, ramener soeurette au foyer et casser du prétendant. Son périple l'entraîne auprès de plusieurs de ses frères, donnant lieu à un catalogue de réactions aussi diverses que variées. Mais côté catho, on n'est pas en reste non plus, la mamma africaine de Dorcy étant tout aussi obtuse que chez les Capulet d'en face. Le sujet, on le voit, est assez grossièrement explicite, surtout quand Djaïdani se croit obligé d'en rajouter des couches dans le signifiant : Slimane qui tombe lui-même amoureux d'une juive, son frère homosexuel, n'en jetez plus. Ca part d'un bon sentiment, notez bien, mais ça devient assez vite du film à thèse.

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Mais malgré ça, la chose est dopée à l'énergie, une énergie pleine de colère, d'indignation, qui remporte nettement le morceau. Il y a une urgence à filmer tout ça qui vous tend le film de façon impressionnante. C'est violent sans violence, uniquement parce que les rapports entre les personnages, même amis, même amoureux, sont sans arrêt agressifs, sans arrêt brutaux. La caméra choppe ça à l'arrache, et on sent bien que tout là-dedans est clandestin : le sujet, délicat et casse-gueule, le filmage qui mélange amateur et pro, prises sur le vif et plans très construits, naturalisme et fable (l'habile décrochage où le tournage du film de Dorcy se mèle à celui de Rengaine), les conditions de tournage et même le ton du film. On est franchement tenus par ces personnages borderline, on attend, le cul sur le bord de la chaise, le dénouement qu'on envisage forcément fatal, et on prend à peine le temps de se rendre compte que cette tension est le fait d'une mise en scène habitée et incarnée et d'acteurs très impliqués. Malgré ses gros sabots, Djaïdani en dit beaucoup sur le racisme et sur le communautarisme, pari gagné donc. Rapide et sec comme un uppercut, comme on dit, respects.  (Gols - 31/07/13)


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Mouais, pas aussi emballé que Gols sur le coup. Je veux bien que le film marche à l'énergie mais il tourne tout de même très court - 70 minutes, c'est d'ailleurs plus qu'assez, pour nous conter l'histoire de Slimane et ses 40 brothers (réduits heureusement à une douzaine, ouf). Sa soeur, donc, Sabrina, va se marier avec un Noir, la renégate !!!!! Un peu comme si pour mon grand-père je m'étais marié avec une Allemande et pour mes parents avec un Allemand. Sacrilège, un type qui mange sûrement du porc et qui n'est même pas de notre couleur ! Parmi ses frères, il y a ceux qui l'écoutent, sont d'accord mais qui en fait s'en branlent et il y a ceux qui l'écoutent, le contredisent et puis qui en fait s'en branlent... Comme les discussions et les dialogues ultra improvisés, genre, sont un peu limités (ouah je suis vénère, j'ai le seum... ouah laisse-la vivre sa vie, Slim...), on n'apprend quand même pas grand-chose de neuf sur la question. Certains ont encore des préjugés, hein, mais la société évolue, hein, quand même, un peu...

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Le plus lassant dans l'affaire, c'est sûrement cette façon répétitive de construire les séquences : tout d'abord on filme au plus près des visages (le nez, un sourcil, une pommette...), histoire de bien voir chaque point noir - cela permet surtout de monter des dialogues sans être synchrone, pratique. Ensuite on s'écarte un peu histoire de voir qui sont ces gens. Et enfin parfois on pose la caméra avant que le spectateur n'ait le mal de l'air parisien. C'est filmé dans l'urgence putain ! Attends, sur Amazon tu peux maintenant avoir un pied de caméra en 2 heures sans frais de port, ne me faites pas rire, c'est pas le fin fond de l'Afghanistan quand même le vingtième arrondissement... Sans vouloir non plus trop chercher la polémique, il est bien gentil, Djaïdani, de faire son Jungle Fever avec 20 ans de retard, mais il a quand même bien du mal à filmer autre chose que sa propre communauté : une poignée de noirs pour la peine, une juive blanche (...) pour le scénar, quid des caucasiens de base (il n'y en a peut-être plus sur Paris, cela fait des plombes que je ne suis pas rentré - je ne m'en plaindrai pas forcément remarquez, ne pensez pas que)... ou des Chinois ? Je dis ça, c'est peut-être pas le sujet principal (musulmans vs blacks), mais cela aurait peut-être permis au film de respirer un peu, de donner une image de Paris un peu moins... sectaire... Là, du coup, la démarche me semble un peu vaine : certaines personnes de confession musulmane ont beaucoup de mal avec le principe du métissage, bon, super, allez on plie... Et sinon, il y a plus de soleil à Marseille qu'à Paris, nan ?  (Shang - 27/09/13)

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